C'était il y a un peu plus de vingt ans, par un doux soir de juillet, quelque part dans le bas St-Laurent, au Bic, dans une salle paroissiale très reculée, en plein champs, la rencontre des familles Thibault. De là s'étaient rassemblées environ 300 convives, remplies de bonne volonté mais manquant un petit peu d'initiative, ma personne n’en faisant pas exception. Nul ou presque ne se connaissait. Beau rassemblement en perspective. En fait, tout le monde était un peu coincé sur sa chaise. On ne savait trop quoi se dire, ni comment donner un petit brin d'étincelle à l'atmosphère déjà alourdie par la gêne. C'était franchement emmerdant et timidement repliant sous la chaise.... Secrètement, on se demandait comment allait se passer la soirée. On avait tous l'air de beaux beignets attendant qu'une âme charitable sorte du placard une petite idée brillante...
C'est là que les petits culs secs sont arrivés... Puis un, puis deux puis 3 petits culs secs! Faut dire que les organisateurs étaient très très généreux. Encore un petit peu de Caribou? Allez, çà fait du bien! Ils nous l'offraient avec si grande générosité, le sourire fendu jusqu’aux oreilles... Bien oui, encore un s.v.p... On ne pouvait pas dire non dans de telles circonstances, vous pensez bien. Ai-je besoin de vous signaler que l'atmosphère était passablement détendue au bout de 45 minutes? C'était l'euphorie totale. Les accolades, éclats de rires, poignées de mains et becs s'entremêlaient, résonnant dans une harmonie parfaite de convivialité sans précédent!
À un moment donné, fallait faire descendre tout çà et bouger un peu. Je peux vous dire que le petit timide, s'il en restait un sous la table, bien "y' était pu là, tu penses bin" et à la limite, en train de danser sur la table voisine desservie, en tapant du pied! C'est là que les violoneux ont pris un virage monstre au milieu de la foulée d'émancipés pour nous faire swingner, tourner, virevolter dans une telle symbiose que même le diable n'aurait pas pu suivre.
Au petit matin, le diable tirant sa révérence. avait fait place au réveil brutal avec des petits coups de marteaux dans la cervelle dont j'aurais pu fort bien me passer, suivi des "j'aurais donc dû..." Disons que le regret m’a travaillé un petit brin à cause de l'abus des petites gorgées de Caribou bien à point mais bon... Je dis bien un petit brin, car le souvenir de cette mémorable soirée, j'en aurai de rappels heureux comme c'est pas possible...
Qui dit qu'il ne se passe jamais rien dans les vieilles salles paroissiales reculées et abandonnées au beau milieu des champs dans notre beau Québec d'amour...
Je vous en prie, pas tous en même temps! La voilà la recette du petit Caribou:
9 cl de vin rouge
4 cl de whisky
1 trait de sirop d'érable
Psittt... il est important de boire d'une seule traite (cul sec)