CROIRE QUE LES CHOSES SE PRODUISENT TROP LENTEMENT OU TROP VITE EST ILLUSOIRE. LE SYNCHRONISME EST PARFAIT. CHAQUE CHOSE ARRIVE TOUJOURS EN SON TEMPS... RIEN NE NOUS ARRIVE QUI N'AIT D'ABORD ÉTÉ SENTI ET PENSÉ. POUR CRÉER LE FUTUR, IL FAUT Y CROIRE SANS RÉSERVE.


Auteur inconnu

vendredi 11 avril 2014

Le sonnet d'Arvers


Mon âme a son secret, ma vie a son  mystère
Un amour éternel en un moment conçu.

Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,

Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,


Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire,

Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,

N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,


Elle ira son chemin, distraite, et sans entendre

Ce murmure d'amour élevé sur ses pas ;
À l'austère devoir pieusement fidèle,


Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle :

« Quelle est donc cette femme ? » 
Et ne comprendra pas.




Ce sonnet de Félix d'Arvers fait partie d'un recueil poétique paru en 1833. Il fut l'un des plus populaires du 19e siècle. Plusieurs cherchaient à savoir qui était cette douce inconnue
 et certains s'amusèrent à compléter le sonnet. Il y eu plusieurs pastiches dont un ici, mon préféré , donnant la parole à cette inconnue:

 Ami, pourquoi nous dire, avec tant de mystère,

Que l'amour éternel en votre âme conçu,

Est un mal sans espoir un secret qu'il faut taire,

Et comment supposer qu'elle n'en ait rien su ?
Non, vous ne pouviez point passer inaperçu,


Et vous n'auriez pas dû vous croire solitaire.

Parfois les plus aimés font leur temps sur la terre,

N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pourtant Dieu mit en nous un cœur sensible et tendre,


Toutes dans le chemin, nous trouvons doux d'entendre

Un murmure d'amour élevé sur nos pas.
Celle qui veut rester à son devoir fidèle


Est émue en lisant ces vers tout remplis d'elle,

Elle avait bien compris... mais ne le disait pas. »