CROIRE QUE LES CHOSES SE PRODUISENT TROP LENTEMENT OU TROP VITE EST ILLUSOIRE. LE SYNCHRONISME EST PARFAIT. CHAQUE CHOSE ARRIVE TOUJOURS EN SON TEMPS... RIEN NE NOUS ARRIVE QUI N'AIT D'ABORD ÉTÉ SENTI ET PENSÉ. POUR CRÉER LE FUTUR, IL FAUT Y CROIRE SANS RÉSERVE.


Auteur inconnu

mercredi 31 décembre 2014

Bonne Année à tous!

La lecture de cette pensée m'a particulièrement touchée cette année. Je la partage donc avec vous, chers lecteurs et lectrices.

Merci du fond du coeur de votre fidélité. La mienne n'a pas toujours été au rendez-vous...

Que la Nouvelle Année vous procure de tendres et doux moments d'amour, dans la simplicité du temps présent...

Avec toute ma tendresse...

Nanoulaterre xxx

"Il existe en chacun de nous, 
Un désir insatiable d'aimer et d'être aimé.
L'amour que nous recherchons 
Est beaucoup plus que la sensation euphorique 
Des papillons dans l'estomac 
Que procure une nouvelle romance; 
C'est aussi la consolation ineffable 
D'être connu dans son for intérieur, 
Accepté et entouré de bons soins. 
C'est le sentiment profond de paix 
Et de tranquillité d'esprit 
Qui découle d'un rapprochement intime 
Avec un autre être humain."

Daphné Rose Kingma


mardi 16 décembre 2014

Plaisir des sens

Elle s'est déclarée au loin
À peine perceptible
Légère et raffinée
Tant et tant 
Que j'en doutais
Elle, se permettre ce dessin?
Et pourtant, adroite
Lentement et sûrement
Elle commença par diluer 
La rive sud du St- Laurent
Pour s'étendre et s'égarer 
Par l'est de l'île tout au milieu

Je comprenais ses infiltrations subtiles,
Discrète, à la fois d'un sang torride
Je sens bien qu'elle aime longer 
Les ondulations toute en mousse 
Des eaux profondes
Mourante d'envie et de souffle chaud

Si sensuelle et lente dans sa petite gêne
Elle aura vite fait 
D'étendre par la suite son large spectre
Maintenant pleine du long respire 
Qu'elle s'est permise dans les eaux du fleuve
Chanceuse va... 

Puis, n'y voir plus rien d'autre que les champs
Fraîchement coupés de foin vert 
Tendrement aplati 
Par l'épaisseur des gouttes généreuses

Éclairs et tonnerre de Jupiter,
Non mais c'est immensément,
Tellement grand ici
Fraîcheur, doux câlins...
Que je te garde en étreinte
Ne dansant qu'avec toi
Des gouttes plein la tête
Cheveux venteux et lourds

T'as plus besoin de musique
Sifflote l'oiseau 
Tout content, dans son petit bain de pluie
Écoute-moi avec attention
Je te les chante de ma plus belle voix
Ces airs d'amour 
Accumulés de tous les temps
Ceux qui font frémir ton corps
De toutes les terres et rivières à la fois


Les Éboulements, juillet 2014

mercredi 8 octobre 2014

Prière à la Terre

Été 1975, un vendredi soir...

Mon père est en psychose mais ne reviendra que le Dimanche soir. Il a des armes dans le coffre arrière de sa voiture. Ma mère sentait très bien le danger et avait tout prévu avant nous, pour notre protection. Le samedi matin, elle nous avait dit: 
" Les enfants, va falloir être très courageux. Écoutez-moi bien. Chacun, vous allez ranger vos chambres et tout mettre vos choses dans les boîtes que je vous donne, le plus rapidement possible. Grand-papa s'en vient et va nous aider, tout va bien aller."

Ok... J'avais 17 ans. Au fond de moi je savais qu'elle avait parfaitement raison, que c'était la chose à faire mais, ma vie basculait dans le néant. Depuis l'âge de 4 ans, je vivais dans cette maison. C'était si difficile et insupportable, là, comme ça, de tout abandonner, en 5 minutes. C'était vraiment ça. Mais il y avait urgence. Je me rappelle avoir fait  mes boîtes en pleurant constamment. J'entendais mon frère et ma soeur faire de même en haut, en pleurant. Mon grand-père et moi rangions à la hâte la vaisselle sale dans le lave-vaisselle pour faire plus rapidement. On ne savait même pas où on s'en allait mais maman nous avait rassurés. Elle avait tout prévu depuis une semaine, pour notre confort et notre sécurité à tous. C'était un endroit tout à fait bien, un grand logement avec une place aménagée au sous-sol, juste pour nous tous, sans mon père. Plus d'enfer, plus de cries, de hurlements insupportables.

Arrivée sur place, j'ai eu une réaction vraiment mais totalement ingrate et inappropriée, une réaction d'adolescente complètement déboussolée et déracinée: " C'est laid, c'est pas beau, j'veux pas vivre ici!!!" Comme je m'en suis voulue par la suite et m'en suis excusée à plus d'une reprise. Pauvre maman, elle si forte... 

Un jour, mon père a découvert où nous habitions et nous a menacé à grands coups de pieds, dans la porte arrière, avec une carabine. En attendant la police, nous étions tous cachés comme nous le pouvions, de façon improvisée, sous les lits, dans les garde-robes, complètement terrassés.

L'été 1975 en fut une de fuite dans les drogues. Pour combattre cette douleur insupportable, je prenais et gobais tout; ce que j'avais l'habitude de fumer pour fuir et tout ce que je voyais et qu'on m'offrait comme pilules. J'ai pris des chance, je le sais, j'aurais pu mourir avec tout ce que j'ingurgitais.

Paradoxalement, la peinture et la musique m'ont sauvés. Intuitivement, j'ai acheté des tubes de peinture et commencé à peindre des toiles, à l'huile, des dizaines de toiles, seule dans ma chambre, sans savoir peindre, c'était ma survie. À la fin,  je pense que j'y arrivais vraiment bien. J'avais l'oeil pour les ombres et lumières. À présent il n'y reste plus rien, j'ai tout jeté par la suite. Pas grave, je me rappelle dans mon coeur de chacune de ces toiles.

Puis la musique... Je me suis mise à improviser au piano les chansons du premier et 2e album d'Harmonium, méthodiquement, solennellement, sans jamais m'en lasser, chaque jour. Ce même été, il y eut l'album "Récolte de rêves" des Séguins que j'écoutais en boucle.

"Prière à la Terre" était ma préférée. Elle me faisait tellement vibrer. Je m'y retrouvais tant comme personne. C'était mon havre de paix, de tendresse et d'amour, ma survie, ma délivrance.

R... Je sais bien que tu ne pouvais pas deviner tout ça. Mais c'est quand-même ça. Alors, merci de me l'avoir fait entendre de ta plus belle voix.



PRIÈRE À LA TERRE

Je suis un fruit qui grandit, qui murit
Tu es la terre qui m’attend  
Ouvre tes bras
Reçois ma vie
Reçois mon amour dans ta vie
Mon amour

Il fait beau dans tes yeux
Prenons le temps
De faire un lit de chaleur
L’hiver est long
Prend ton manteau 
Prends ta robe blanche 
Ta robe d’amour

La nuit sera belle
Nous pourrons dormir en paix

Le ciel est gris, le soleil a faibli
Il a neigé ce matin
L’hiver s’en vient
Le vent est froid
Il faut faire un nid
Cachons nos coeurs au chaud

L’arbre est fané
La branche où je suis né
C’est le temps de nous aimer
Jusqu’au printemps
Jusqu’à la vie
Jusqu’à la lumière, au levé du soleil

La nuit sera belle
Nous pourrons dormir en paix

Séguins
Album «Récolte de rêves»
1975



jeudi 2 octobre 2014

Coup de foudre musical

Certaines interprétations se passent de commentaires tellement elles sont sublimes.
Celle-ci part du ventre vers le coeur et se rend directement au paradis. Une vague d'amour qui inonde le corps tout entier. Quelle inspiration... 


Pour R et Herbert xxx



vendredi 26 septembre 2014

Méchant dialogue...

Il fait si beau et chaud aujourd'hui, c'est merveilleux. J'aime cette chaleur, un petit regain de vie avant l'humidité froide de l'automne ça fait un bien fou. En plus, je vais rendre visite à mon fils et ça, c'est un pur bonheur, toujours.

Centre de détention de Bordeaux...

Je tiens à le dire encore, à part un certain préposé maudit à qui je n'adresserai plus jamais la parole, tout le monde est vraiment gentil, si gentil avec moi. C'est comme s'ils comprenaient ce que je vis comme parent, avec plein de tendresse dans le regard. Je les sens, et ça fait toujours un bien grand baume sur mon coeur. Alors, je leur souris, intensément et sincèrement, avec toute ma gratitude, et je leur dis toujours merci,  un merci grand comme la terre.


Je traverse la grande cour intérieure où je m'exerce encore une fois à ne pas trop regarder toutes ces fenêtres couvertes de barreaux de fer, là où mon fils vit. Bien, bien, ça ira bien...

Je m'installe au parloir qu'on me désigne et attends  mon fils.  

Dans le parloir juste à côté du mien, il y a un jeune homme, tout au plus 20 ans, efféminé et gesticulant. Sur le coup, je croyais qu'il s'adressait à son frère mais je me suis trompée, c'est plutôt son amant. Je n'ai aucun préjugé. Ce n'est pas tant ce qu'il est comme personne mais, le langage qu'il utilise. Et, dieu sait  à quel point tout est écho dans les parloirs de Bordeaux:

"T'es rien qu'un osti de chien sale!!! T'as couché avec lui et en plus, tu l'as payé 2000 dollars pour coucher avec lui!!!! Pis le pire c'est que moi je couche avec toi pis je te demande jamais rien!!!!"

Bon. Je me cache les oreilles. Ce langage cru, c'est si dur, si loin de moi, tellement pas mon monde. Et le jeune le répète sans cesse, et de plus en plus fort. Pire, je comprends sa douleur au jeune parce que je me mets dans sa peau. On se calme, tout va bien aller. J'ai tellement hâte de voir mon fils... Le jeune homme quitte avant que Fafouin arrive. Libération. 

Il est si beau mon garçon et me semble toujours très serein. Je lui raconte ce que je viens t'entendre. Alors, il commence à me raconter avec le sourire en coin:

-Ah! Pas ces deux-là! Ils ont fait jaser beaucoup à la rencontre-contacte. Les gars m'ont raconté qu'ils n'arrêtaient pas de se sortir la langue! En plus, son chum en détention m'a emprunté un de mes chandails pour essayer de rendre son copain jaloux. Puis, l'autre jour, il s'est essayé avec moi en me disant: toi le jeune je te ferais pas mal. J'ai arrêté ça là assez vite en sortant ma grosse voix: Aye toi, arrête-moi ça tout de suite, t'as compris? Puis, il m'a dit en gesticulant: bin non, tu sais bin que je ferais jamais ça voyons, je me ferais battre tout de suite!

Mon fils était tellement drôle, il excelle dans les jeux de rôle et imitait l'autre à la perfection tout en racontant son histoire. Puis, je lui ai raconté que j'avais vu un video sur Utube montrant 2 paires de poumons, ceux d'un non fumeur et ceux d'un fumeur. Avec un genre de tuyau, les hommes de science mettaient de l'air dans les poumons. Les beaux poumons roses se gonflaient à la perfection. Les poumons de fumeurs tout flétris se gonflaient à peine. Je faisais la démonstration à mon fils en gesticulant, comme un petit poulet qui avait perdu ses plumes. C'était maintenant nos rires qui résonnaient dans la salle, ça faisait tellement de bien. J'aime cette belle complicité que nous avons, mon fils et moi. Ca vaut de l'or.

Puis, ce fut le temps des confidences, l'inquiétude qu'il a pour son amie de coeur. Il souhaiterait qu'elle arrête de danser, il a toujours peur pour elle. Et elle, elle s'inquiète de savoir si leur belle relation va fonctionner lorsqu'il quittera le centre de détention. J'aimerais aussi qu'elle arrête de danser mais on ne peut forcer les choses et décider à la place des autres. Fafouin le sait. Mais peu importe la situation et le contexte. Cette fille est belle, brillante, je sais qu'elle va s'en sortir un jour. Puis, j'aime que mon fils soit aimé, c'est si important de se sentir aimé. Elle est fidèle au rendez-vous, à toutes les semaines, depuis plus d'un an.

C'est l'heure du départ, sourire heureux de mon fils, quelle belle rencontre encore une fois. Bizous au travers la vitre et mains collées. Je t'aime maman...

Du coin de l'oeil, je regarde partir ce bel homme qu'il est devenu. Mon fils, mon enfant, je t'aime tant mais tant...





mardi 9 septembre 2014

Tout m'aime

Aujourd'hui
La pluie fine me regarde et m'aime
Toutes les pluies fines
Des montagnes et du firmament m'aiment

Gênée et à la fois reconnaissante
De tant de générosité
Je me laisse séduire
Et la brume dévoile à peine, si discrètement
L'ombrage de cette île tout en bas

Fines et fines
Et belles et fraîches gouttelettes...
Et toi qu'attends- tu pour aller danser
Tout en elles et les goûter entièrement?

Puis, en un laps de temps infiniment petit
La brume s'est transformée
En plus de brume que brume
D'un épais nuage blanc étanche
Ne laissant aucune chance de voyance

J'adore tous les visages en ce paysage
Que j'épouse parfaitement
Cette Terre nous dit
Qu'elle peut à tout moment
Nous surprendre et se transformer
Plus grande, plus forte que tout
Franche, droite et dure à la fois.
Le retenir et de ne point l'oublier


Il arrive que la brume dévoile
L'image de ce qui se passe au loin
Faut être particulièrement attentif
Lorsqu'elle se déshabille un peu
De son voile épais

Je perçois, depuis la petite route au loin
Une voiture, au soir, timidement s'y aventurer
En son courage, elle est habile
En grande habituée qu'elle est

Puis, la brume
Me fait complètement aveugle
S'amusant de tout son fou
À me faire imaginer ce chemin
Maintenant inexistant,
Perdu dans le blanc
Sans voitures et sans rien

Et, parce qu'il y fait à présent si noir
L'ombre des arbres au loin
Se dessine au crayon gras,
En des contours si parfaits...
L'ombre des arbres tout noir
Quelle merveille….


M'y aventure en ce chemin
Laines au vent
Et je prie qu'on me laisse
Capter une seule image en moi
L'unique 
Qui me gardera en vie
Pour toujours...

Les Éboulements, juillet 2014

samedi 30 août 2014

Te faire mienne

Humidité fraîche, tendre et généreuse
De tant de droiture
Et mystérieuse de ces nuits d'été,
Baignant dans ce restant de vent
Je te respire donc toi
T'engouffrant profondément dans mes poumons,
Plein de mes yeux fermés
Afin de te goûter toute entière
Si gourmande je suis

Non, je n’irai pas dormir maintenant
Et résisterai de te quitter
Parce que c'est trop bon de t'avoir là
Sur ma peau et en moi
Pourquoi ne te fais-tu pas chair d'homme
Qu'on tire vers soi plein les reins

Humidité fraîche, été comme hiver
Voilà que tu me giflerais les joues violemment
Et je ne dirais rien, complètement asservie
Bénie des dieux je suis
En ta compagnie

Ta gifle n'est que vie
Bienveillante en tout
Comme lorsque l'on revient 
De la longue marche
D’un hiver rigoureux
Se réfugiant dans l'intérieur
De notre chez soi d'amour

Ta gifle est candeur retrouvée
Libérée de la chaleur d’un été suffoquant
N'en pouvant plus de retrouver vite là
L'envie de l'eau profonde
Toute en velours


Et de m’en aller dormir à présent
Bien sûr je le ferai
Parce que j'ai pu te faire mienne
Ainsi que des centaines de millions d'étoiles
Enveloppées dans mon châle noir volant au vent.

Les Éboulements, juillet 2014

jeudi 28 août 2014

Bien sûr que c'est extra

Vous connaissez mon amour pour les tournures de mots racontées avec volupté. Cette interprétation de Léo Ferré, bien des années après, et dans toute sa maturité, j'aime, j'adore.

Difficile de trouver un video dénué de photos clichées et ça m'a pris un temps fou  pour trouver  le bon, le vrai, celui qui me colle à la peau, comme j'aime exactement l'entendre.

Alors le voici... Vive Ferré...



jeudi 14 août 2014

La Belle s'est endormie


Depuis mon arrivée samedi,  les couleurs de l'été me gâtent. Cette journée s'annonce particulièrement humide et chaude mais le vent au large s'est levé en grand fou, comme bouche de géant raflant tout sur son passage.

Je prépare soigneusement la chambre pour ma grande amie d'enfance, Bouda, avec qui je passe toujours au moins 2 ou 3 jours par année, en duo. 49 ans d'amitié, c'est comme, ouf, beaucoup, c'est pas rien ça. Nous avions 7 ans lorsqu'une des deux a décidé de rejoindre l'autre en traversant la rue. À partir de cet instant, nous ne nous sommes jamais quittées. Une amie comme celle-là c'est une jumelle invisible que l'on traîne toujours avec soi, une magicienne qui sait tout, a partagé tempêtes, bonheurs, deuils et joies. Bouda ce serait comme un long film préféré, toujours si agréable à regarder et qu'on connaît par cœur. Elle a connu mes parents dans la trentaine, mes grands-parents, j'ai aussi connu les siens.

Bouda et moi ça se vit comme un respect inconditionnel et une grande admiration mutuelle, encore aujourd'hui. Elle, c'est la magicienne du pinceau... L'inspiration à la dérive, je tentais désespérément de copier les dessins qu'elle faisait dans le cours de catéchèse. Pour elle, ça sortait toujours aisément, comme ça, sans penser. Peut-être bien qu'en imitant ses gestes gracieux et spontanés j'aurais pu y arriver. Alors, je l'imitais du coin de l'œil, discrètement... Mais au beau final, mon dessin était toujours un désastre  et le sien, une merveille... Dire l'influence que l'une exerçait toujours sur l'autre; elle avait commencé le piano lorsque j'ai débuté mais n'a pas poursuivi. Sans commentaires ici, elle saurait mieux que moi parler de son expérience. Chacune sa voie... Elle est artiste-peintre aujourd'hui, je suis musicienne.


Lorsque mon papa est décédé et que je la vis au loin près de l'entrée du salon, discrète et immobile parmi la foule, je ne voyais qu'elle, ma Bouda. On s'est regardé et sans rien dire, on savait tout ce que l'autre pensait et ressentait; de l'émotion à l'état pur, celle qui vous prend à grands respires d'amour, les yeux tout remplis d'eau.


Il y en a bien une qui va partir avant l'autre un jour et, ce sera la dévastation, autant pour elle que pour moi, je le sais.

C'est chez elle que je me réfugiais durant les psychoses de mon père. On a tant inventé et créé ensemble; des danses et des improvisations parlées, des fous rires à n'en plus finir. Ses parents, ce sont comme les miens, comme de seconds parents vieillissants que l’on souhaiterait donc protéger à tout  jamais. Je disais de sa mère qu'elle me faisait rire et de son père qu'il était beau. Et c'est vrai qu'il est beau son père, encore aujourd'hui. Et sa maman me fait rire avec ses chapeaux d'été...



___________

Sur la galerie de bois,  accompagnée de ce vent puissant, la chaise me berce, c'est formidable...

J'ai apporté mon CD de Jacques Labrecque, hésité longtemps avant de l'écouter de nouveau. C'était un cadeau de Yang et ça me rappelle de biens beaux instants. Allez, vas-y, tu ne pleureras pas, mets-le. Quelle joie..." La belle s'est endormie" me fait toujours autant vibrer et je me sens tout à fait bien et heureuse, même si je suis partie seule ici avec mes deux petits chiens, que nous avons décidé  d'un commun accord de ne plus vivre ensemble, parce que " La Belle s'est endormie" est un souvenir heureux qui nous appartient et jamais âme qui vive ne pourra  nous le dérober.
Je me suis même surprise à fredonner à pleins  poumons "À l'abri d'une olive". Alors voilà, acceptation. Et puis que dire de: "Vive la canadienne". Fafouin comprenait "Vive la canne à bière" Comme nous avions ri... De vibrants souvenirs ici, passés ensemble, Yang, Fafouin et moi. Un recueil de séquences d'amour et de tendresse enfouis profondément dans le cœur...

Ici, bénie des dieux, je me sens protégée, imperméable à tout. Et puis, ces vacances, ce sont les miennes, alors j'ose m'approprier généreusement les lieux, me fondant dans la maisonnette qui ne fait qu'un avec moi, une grande alliée. C'est comme un petit miracle inattendu.

___________

Je la surveille, fébrile et impatiente, je compte maintenant les minutes. Elle arrivera bientôt Bouda et nous nous élancerons dans les bras l'une de l'autre et nous danserons en disant "youpi, youpi!" avec nos cœurs d'enfant. Nous sommes encore des petites filles.

Bouda s'en vient, elle s'en vient! Et alors ce sera un autre grand bonheur...

Les Éboulements, juillet 2014

jeudi 7 août 2014

L'arrivée

Dès l'arrivée j'ai perçu de nouveau la transformation. Les pensées de mon cerveau s'estompent, immédiatement, en permanence. Anesthésie générale...

Mais enfin, comment cela se peut-il
Elle ne peut donc le vivre ailleurs
Ce bonheur si intense
Insensé et innommable?
En amour, elle est en amour
Avec l'immatériel, l'intouchable
Elle qui désire tant toucher...
Mais elle ne se défendra jamais
Contre le beau
Déjà toute soumise en lui
Elle l'a tant et tant senti
Tant et tant souhaité, désiré,
Dès l'arrivée

Encore, encore, oui...
Insatiable elle se sent
Sachant qu'elle en redemandera
Suppliante et à genoux...



La médecine magique de mon vaste fleuve m'engourdit totalement. Puis, souvenirs doux ou noirs s'éclipsent, passé et présent se confondent, dispersés dans le brouillard... Y ai-je déjà  un seul instant pensé dans ma vie de ce passé, de mes souvenirs? Ne sont maintenant que résidus, presque imperceptibles. Lumière et noirceur font un grand ménage, le temps d'un éclair,  balayés à tout jamais par le vent, pour ne laisser place qu'à la source de vie, puissante et calme à la fois, si enveloppante.
Ainsi la voilà la source, pénétrant en mon corps, jusqu'à sentir circuler lentement ce sang dans mes veines. Je n'y peux plus, ce bonheur céleste... À me sentir comme une déesse, je peux tout, je vis tout, puissante, sereine et tout en amour, tellement en amour...

Le centre de détention est loin, tout comme le reste d'ailleurs. Impossible de penser, s'en serait d'une gêne, d'une telle indécence. En soi, cela semble un immense exploit de ne plus pouvoir penser, seulement vivre. Mais, en ces lieux s'y trouvent protection et magie blanche. Deux heures consécutives de méditation intensive n'aurait pu m'apporter autant de bien-être intérieur, c'est pas possible comme je me sens bien...

Au sommet de ma falaise surplombant le fleuve, plus rien ne m'atteint. Dans ma petite maisonnette bleue et blanche, l'immensité du fleuve et des montagnes à perte de vue me font sentir grande, gigantesque et densément vivante...

Les Éboulements, dans Charlevoix, espace de vie de mes arrières-grands-parents maternelles, lieu de naissance de ma grand-mère. Le sang de mes ancêtres coule à flot dans mes veines, en symbiose avec les champs vastes tout plein de vert, le vent candide du St-Laurent, l'église du village sonnant fidèlement l'angélus de midi et dix- huit heures, l'Isle-aux-Coudres d'où je peux observer battures et marées à chacune de ses extrémité puis, les montagnes à perte de vue.
________


Ce matin, j'ai rencontré une gentille personne qui portait le même prénom que moi et gauchère en plus comme moi. Nous discutions en souriant de tant de beau:

"Lorsque je viens ici j'ai toujours l'impression que le temps s'est arrêté en 1940..."

Et elle de me répondre:

" J'ai aussi la même sensation mais moi c'est en 1925!"

 Je dors merveilleusement bien et ne peux espérer  et imaginer de plus agréables vacances, dans la paix , la simplicité et le vent du large...

Les Éboulements, juillet 2014



mercredi 30 juillet 2014

L'inspiration

J'ai lu quelque part que certains auteurs passionnés et très inspirés dont j'oublie le nom, avaient pondu une œuvre complète en une semaine et l'autre en trois jours seulement. Cela m'impressionne. Mais beaucoup plus intriguant de chercher à comprendre de quelle façon ils s'y prennent. Maintenant je sais... Mais il fallait que je revienne ici pour recevoir ce cadeau.

Avant de partir, je terminais justement la lecture de la biographie de Serge Fiori: "S'enlever du chemin" et fut totalement fascinée et séduite de découvrir de quelle façon il s'y prenait pour composer. Je me disais que j'allais y puiser là une certaine inspiration pour mes jours d'écriture en solitaire dans lequel je me sens si bien. Pour s'enlever du chemin, il faut être patient et totalement à l'écoute de, sans jamais forcer, totalement libre, ouvert et, surtout, laisser entrer le silence et les brides de mots.
C'est pas compliqué finalement. Pour écrire, il ne suffit que d'être en présence du beau, le sentir et n'exister que pour lui, qu'en lui, totalement soumise, en silence, puis remercier. Le beau ça donne, ça t'agrippe de partout, généreux de bras tout agrandis n'en finissant plus d'ouvrir des tendresses d'amour pure. C'est le fleuve dense, l'horizon, les montagnes au loin et le vent toujours fidèle et amoureux. Sentir, aimer et me fondre dans le beau, de corps, d'eau, d'étoiles et d'esprit.

Et dire qu'il y a le pauvre, en attente toute une vie de se permettre peut-être un jour un mince filet d'espoir d'être heureux alors qu'il a tout, là, juste là...

Des brides de phrases qui surgissent de nul part, jamais plus je ne les laisserai partir.

vendredi 25 juillet 2014

Tendresses

Je vous reviens bientôt avec des petits écrits tout inspirés.
Pour le moment, je suis en méditation permanente et profite de l'air salin du fleuve dans Charlevoix, Aux Éboulements.
Je vous envoie un petit brin de paix et de tendresse à tous.

Nanoulaterre xxx

mardi 8 juillet 2014

Fragilisée, en colère et révoltée

Lorsque je suis partie pour aller visiter Fafouin, j'étais déjà fragilisée en partant. Sans entrer dans les détails, je vis des choses difficiles ces temps-ci. La plupart du temps, je vais bien mais il m'arrive à l'occasion de sombrer dans des crises de larmes. Bon, je fais avec, et essaie de remonter mon bonheur, tout plissé par en dedans, ça ira pour la visite...

J'entre, vais chercher un numéro et passe  à l'accueil pour la visite.  Tout semble normal. Je donne ma carte- soleil ainsi que le nom de mon fils. Le préposé me donne ma clé de cadenas. Tout est beau. Mais, je me rends compte que je n'ai pas mes lunettes et ne vois pas très bien le numéro inscrit. Je retourne donc voir le préposé afin de m'assurer du bon numéro. Au moment où je retourne vers le casier déposer mon sac à main, il m'interpelle:

-Madame, on ne peut pas vous laisser passer.

-Ah bon, et pourquoi ?

-Vos bretelles dépassent de votre chandail.

Bon, un détail, je réajuste le tout. J'avais un petit débardeur noir sans manches en dessous. Je porte pas dessus un chandail léger et ample à manches 3/4, pas sexy du tout, alors tout est beau.

- Non madame, on voit un peu votre dos, c'est trop décolleté...

-Hein?

-Oui, et vous portez des legging...

-Et alors, c'est quoi le problème?

Je n'avais rien d'ajusté sur le dos, tout à fait convenable ce que je portais. J'ai vu tellement pire au parloir, rien à voir avec moi: les gros talons hauts aiguilles,  seins à l'air, jeans super sexy et ajustés. Je ne comprends vraiment pas là...

-Et bien, lisez les règlements. Les legging sont défendus...

-Écoutez, je suis une mère de famille qui s'en vient visiter son fils,  regardez-moi, ai-je l'air d'une danseuse qui va se pavaner devant les hommes au parloir?

-Désolé, va falloir que vous arrangiez ça...

Je regarde mes legging, tout à fait étonnée, désorientée... La colère et le ton monte...

- QUOI??? Je ne comprends pas, comment voulez-vous que "j'arrange ça" et de quelle façon faudrait-il que je m'habille? EN RELIGIEUSE??? Il fait 35 degrés celsius dehors, on crève!!!! C'est pas croyable! J'ai déjà vu pire au parloir,  mais qu'est-ce qui se passe????

-Lisez les règlements affichés là  sur le mur... Essayez de modifier ça...

Je regarde vite fait la liste longue comme le bras des règlements vestimentaires des visiteurs  et qui n'a d'ailleurs jamais été respectée, je le vois à chaque visite:

-Non, pas la peine, je n'ai rien d'autre à me mettre sur le dos, comment voulez-vous que je MODIFIE mes legging??? Alors je m'en vais!!!


Étant donné que j'avais juste envie de l'étrangler, lui arracher la tête et de l'aplatir au sol, que je sentais mon intérieur bouillir de colère et d'injustice, que je me préparais à ne plus répondre de mes paroles, j'ai choisi de partir, sagesse oblige. Car, il faut vous le dire, si on va trop loin avec un préposé, on peut être interdit de visite pour un bon bout de temps. Je ne comprends pas ce qui s'est passé mais je sens, pour une raison que j'ignore, que cet homme-là voulait à tout prix m'interdire l'accès à mon fils. A-t-il reçu des consignes?

Je suis partie en larmes, en colère mais surtout excessivement révoltée. J'ai beaucoup de difficultés avec l'injustice. Je vais me calmer. Ça fait juste du bien d'en parler. Je vais sortir mon djembé africain et jouer. Défoulement!




mardi 24 juin 2014

Bonne fête mon Québec

Chers lecteurs

Je ne vous ai pas oubliés et reviendrai prochainement xxx

Je vous souhaite à tous une bonne et heureuse Fête Nationale
Qu'elle nous rappelle d'où nous venons
Les dures labeurs de nos premiers colons
Des cries hauts et forts de nos patriotes
Ces gens, nos racines
Nous ont permis d'y être encore et de demeurer
Ce que nous sommes à présent.

Soyons fiers de nos racines, traditions, 
De notre culture
De notre langue
Notre musique, nos poètes et nos artistes

Mais surtout, continuons à faire connaître à nos jeunes
Toute cette richesse extérieure et intérieure
Que nous possédons
Et qui font de nous un peuple hospitalier des plus uniques
Un peuple de coeur et d'amour
Je suis fière de mon Québec
Mon pays...

Le seul endroit où je me sens parfaitement moi-même
Emmitouflée bien au chaud dans mes racines
Mes contes, ma musique,
Mes feux de bois et mes légendes

Nanoulaterre xxx



dimanche 18 mai 2014

Les fleurs de cerisiers


Lorsqu'on laisse pénétrer abondamment l'odeur des fleurs de cerisiers au travers tout notre corps, avec le  tremblement subtil et tiède du vent de mai, caressant le corps tout entier,  tendrement, alors je vous jure... jamais rien de grave ne peut alors arriver. Quel merveilleux bonheur...

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Petit Jean de l'invisible, 10 ans déjà...

-Maman, maman, viens voir, il y a des oiseaux qui veulent entrer dans la maison!

-Mais voyons c'est impossible!

- Je te le dis maman, viens voir!!!

Je n'arrivais pas à le croire. Ils étaient bien là, deux chardonnerets jaunes qui insistaient désespérément pour entrer dans la maison, claquant inlassablement leur bec à la fenêtre du salon...

Me revient alors en mémoire le message d'espoir que j'avais envoyé à Marijo, la fille de Petit-Jean, alors qu'elle souffrait de voir son père dépérir.

- Regarde ce chardonneret, il se trouve à la croisée des chemins, signe que quelque chose de nouveau se présentera à toi.

Le matin de la visite des oiseaux, Petit-Jean était mort depuis la veille. Les chardonnerets ne m'ont pas quitté jusqu'à ce qu'il fut enterré. Ils venaient même à la fenêtre arrière de ma cuisine, insistants et déterminés à vouloir entrer. Quelque chose de surnaturel se produisait. De les observer ainsi, ils m'apparaissaient presqu'humains. Mais, que voulaient-ils bien me dire...

Petit-Jean, le frère de papa, un aide inespéré, toujours présent, aidant, pour maman et nous tous lorsque papa était en psychose. Petit-Jean que j'ai veillé presque jusqu'à la fin, sur son lit d'hôpital. Çà me faisait plaisir de le faire pour lui, il en a tant fait pour nous, et le temps s'est arrêté. J'ai pu observer l'énorme courage d'un homme qui a voulu en finir avec la vie, a raté sa sortie, pour ensuite tenir tête à tout le monde. Il fallait  simplement respecter sa volonté, je fus sa complice. Petit-Jean, après un suicide raté, un diabète avancé, une gangrène à la jambe lui occasionnant d'atroces souffrances, a refusé l'amputation car il voulait vraiment mourir...

Cela ne pouvait plus continuer. Devant ses cries abominables, j'appelai l'infirmière.

- Écoutez, il faut augmenter la dose, çà ne fait plus d'effet, il souffre beaucoup trop!

- Mais si on lui donne une médication plus forte, çà va accélérer la fin.

Décidément, elle ne comprenait rien, alors j'insistai:

- ÉCOUTEZ, IL N'A PAS DEMANDÉ DE SOUFFRIR, IL A JUSTE VOULU MOURIR!
S.V. P AUGMENTEZ LA DOSE!!!

Il mourut dans les 24 heures. Il faisait très beau. Un 20 mai, c'était bien ciblé pour un fervent souverainiste, et les cerisiers étaient en fleurs, avez-vous déjà senti? Magnifique...

Lorsque le mois de mai revient, Petit-Jean revit à travers la senteur subtile et douce des fleurs de cerisier...


jeudi 1 mai 2014

Jamais 2 sans 3



Prise 1

-Excusez-moi, je cherche un plateau pour  mettre la vaisselle et je ne trouve pas...

-Oui, oui,  je sais ce que vous voulez. Nous en avons, attendez, je vais chercher pour vous.

L'homme avait une belle personnalité, un peu plus jeune que moi sans doute.

-Mais vous savez, il y a bien mieux que ça!


-Ah bon, et quoi  de mieux finalement?

-Et bien, de bons bras d'homme!

-Dans ce cas, venez la faire chez moi la vaisselle!

-N'importe quand, 3 fois pas jour si vous voulez!

....

Mais des belles femmes comme vous ça ne doit pas être célibataire  ça!

(ah bon et pourquoi pas)

-Merci...

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Prise 2

Pharmacie

Je donne ma prescription d'Ativan car je dois me faire opérer  pour les yeux demain et j'ai besoin d'un relaxant....

- Souffrez-vous d'allergies?

-Oui, Monistat et clindamicine

- Allaitez-vous?

!!!!

Êtes-vous enceinte?

!!!!!

Mademoiselle , m'avez-vous bien regardé?

-Oui et ça peut toujours être possible.

-Écoutez, je ne peux ni allaiter, ni être enceinte, j'ai 56 ans!

-Ah! Et bien prenez-le comme un compliment madame, j'aurais jamais cru!

-Merci!

 Hum... Bien je le prends, je le prends...

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Prise 3

J'attends qu'on m'appelle pour ma prescription. Une femme, un peu plus jeune que moi et sa mère viennent s'asseoir à côté de moi. Je me sens fixée et me retourne.

- Elles me sourient, je leur souris....

- Madame, on trouve que vous avez vraiment une belle coiffure et de belles mèches!

(Wow là, minute... Qu'est-ce qui se passe avec moi aujourd'hui?)

- C'est qu'en fait ce ne sont pas des mèches mais des cheveux gris!

- Bien peu importe, nous on trouve ça vraiment beau!

-Merci!


Bien coudons, je le prends...


Disons que ça met un petit baume sur mon coeur de femme...









vendredi 11 avril 2014

Le sonnet d'Arvers


Mon âme a son secret, ma vie a son  mystère
Un amour éternel en un moment conçu.

Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,

Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.
Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,


Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire,

Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,

N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,


Elle ira son chemin, distraite, et sans entendre

Ce murmure d'amour élevé sur ses pas ;
À l'austère devoir pieusement fidèle,


Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle :

« Quelle est donc cette femme ? » 
Et ne comprendra pas.




Ce sonnet de Félix d'Arvers fait partie d'un recueil poétique paru en 1833. Il fut l'un des plus populaires du 19e siècle. Plusieurs cherchaient à savoir qui était cette douce inconnue
 et certains s'amusèrent à compléter le sonnet. Il y eu plusieurs pastiches dont un ici, mon préféré , donnant la parole à cette inconnue:

 Ami, pourquoi nous dire, avec tant de mystère,

Que l'amour éternel en votre âme conçu,

Est un mal sans espoir un secret qu'il faut taire,

Et comment supposer qu'elle n'en ait rien su ?
Non, vous ne pouviez point passer inaperçu,


Et vous n'auriez pas dû vous croire solitaire.

Parfois les plus aimés font leur temps sur la terre,

N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.
Pourtant Dieu mit en nous un cœur sensible et tendre,


Toutes dans le chemin, nous trouvons doux d'entendre

Un murmure d'amour élevé sur nos pas.
Celle qui veut rester à son devoir fidèle


Est émue en lisant ces vers tout remplis d'elle,

Elle avait bien compris... mais ne le disait pas. »

dimanche 23 mars 2014

Bénie des dieux et réflexions

Hier matin c'était la présentation des performances musicales de mes petits bouts de chou de 4 ans devant leurs parents. J'ai pris l'habitude de louer la sacristie de l'église tout près de chez moi pour l'occasion et comme toujours j'ai les mains pleines; valise d'instruments de musique, marionnettes, matériel audio, castelet. Un sprint pour mettre le tout en place et fonctionnel.

Je me stationne juste devant la porte où se trouve les escaliers menant au local; plus pratique. Avant d'ouvrir mon coffre arrière, je trébuche sur un véritable miroir de glace et par miracle je demeure sur mes deux pieds alors que, de toute évidence et selon mes calculs, j'aurais dû en réalité atterrir sur le dos en me fendant le crâne! Lorsque je tente d'ouvrir la porte d'entrée, elle est barrée. Pas de sonnette... Je dois donc faire le tour de l'église pour sonner au presbytère. Sprint no 2 en courant...

Et, le sourire fendu jusqu'aux oreilles:

-Bonjour monsieur le curé comment allez-vous? Non, ne regardez surtout pas ma botte droite; je sais, elle est délacée mais je vais faire attention, je ne tomberai pas!

-Je suis content de vous voir Mme Nanou. Toujours fidèle à vous-même!

-Ah bon, que voulez-vous dire?

-La jeunesse!

Hum, bien tiens je le prends ce compliment ce matin...

-Et bien merci, vous faites ma journée là!

Mes petits poussins d'amour ont bien fait ça, de vrais champions. Je les aime tant ces petits...

Lorsque vient le temps de repartir chez moi, c'est la grosse tempête. Wow, tout un défi, surtout que je sais bien qu'il y a de la glace sous cette neige. Pratico-pratique, je fais ni un ni deux et décide de rentrer ma voiture directement sur le grand trottoir près de la porte. Par contre, je n'avais pas réfléchi à l'étroitesse entre la porte de la voiture et le gros banc de neige juste à côté. Comment vais-je faire pour me faufiler là-dedans? Chirurgie... Mon théâtre de marionnette sous un bras, je me faufile délicatement afin de me donner l'espace nécessaire pour ouvrir la porte et hop, un petit miroir de glace. Je les attire ou quoi! Cette fois-ci c'est vraiment en pleine face que j'aurais dû tomber mais non, je suis restée debout, encore une fois! Bénie des dieux me dis-je en moi-même...

Au retour, pour prendre le reste de mes bagages, je vois monsieur le curé derrière la porte qui veut me dire bonjour. J'accours au devant de lui et me voilà qui pique direct à genoux dans l'escalier, les deux mains nues, enfoncées dans la neige. Oh boy...  Bien la voilà la 3e fois, fallait bien que ça arrive!

- Je suis en train de vous faire une belle génuflexion, vous ne pouvez pas demander mieux!

-Vous êtes-vous fait mal?

-Non, pas du tout!

Puis, je me relève en vitesse et décide de terminer avec deux petites révérences, une avec le pied droit  et l'autre avec le gauche. Faut bien rire de soi un peu, ça fait du bien! Tout compte fait, en additionnant mon message téléphonique laissé  par distraction  à ma comptable plutôt qu'au plombier afin qu'elle vienne débloquer mon évier de cuisine, ça vient clore ma semaine de gaffes.


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Il m'arrive de me demander comment je me sentirais  si un de mes lecteur avec qui j'ai tissé des liens solides au fil des ans et qui demeure loin partait. Je pense à Nanoubis qui vit cette situation présentement... Les blogues ne sont pas éternels, les lecteurs non plus, pas plus que ceux qui écrivent. C'est pas parce qu'on écrit qu'on va y être demain, pas plus que ce lecteur qui vient me lire fidèlement.
J'espère que vous allez bien tout le monde... J'en profite pour vous dire que je vous aime et vous apprécie vraiment tous. Prenez soin de vous...

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C'est souvent dans la perte que l'on rend  la valeur aux choses. En même temps, paradoxalement, dans la perte et la douleur se trouve toujours un certain calme, un souffle de vie intérieur, indéfinissable, celui qui fait qu'on repart avec un cadeau, un genre de bonus; celui d'emporter avec soi ce qu'il y a eu de meilleur chez l'autre. C'est comme un petit miracle ça, faut savoir reconnaître et apprécier.

"Au centre de nous-même réside une paix 
que rien ne peut altérer.
Entrer quotidiennement en contact
Avec ce lieu de repos
Et d'énergie toujours présent
Est un devoir qu'une pratique régulière
Transformera rapidement en plaisir"

De même, dans la vie, si on prend la peine d'apprendre à regarder et sentir avec autre chose que sa tête, il n'existe ni bien ni mal, pas plus que d'événements de vie heureux ou malheureux, que de multiples fragments d'expériences qu'on a le devoir de transformer en séquences de vie positives et heureuses puis, qu'on range là, dans son coeur.

"Regarde l'événement venir à toi
Et rends-le heureux
Envers et contre tous "

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Tiens, j'aurais pu détester le feu, m'en faire une véritable phobie et un ennemi redoutable, parce que mon père, en état de psychose, jetait tout dans le feu; des casseroles, des vêtements, des vinyles, tout y passait. Il a même fait flamber le beau  grand saule  pleureur dans notre cour arrière et un hôtel à Québec. Et lorsqu'à la maison, on perdait quelque chose qu'on ne retrouvait plus jamais finalement, on avait l'habitude de dire d'un ton résigné: " Bon, ça doit être parti dans le feu!" Et pourtant, aujourd'hui, je l'adore ce feu moi, celui qui crépite dans l'âtre de la cheminée, apaisant et sécurisant, un vrai allié quoi.

Hier soir, je sirotais un petit verre de vin, emmitouflée dans mon châle, devant la chaleur des flammes. Dans le froid fébrile de cette tempête qui s'apaisait, j'y distinguais au travers la fenêtre l'ombre sombre des sapins tout enveloppés de blanc à la lueur d'un ciel épais de couleur, presque mauve finalement. J'avais devant moi un tableau d'une grande beauté. Admirant ce chef d'oeuvre et le silence velouté qui m'accompagnait, je me disais que j'étais vraiment heureuse...


samedi 15 mars 2014

Un rayon dans la pénombre


C'était il y a  30  ans...

Souvent, entre deux examens ou deux pratiques, nous prenions plaisir à nous taquiner, rigoler, savourer le moment présent. Lui, totalement léger, pur, rêveur... J'étais celle qui le ramenait. Tiens, un jour, nous étions à la musicothèque:

-Qu'est-ce que tu fais Nanou?

- J'écoute une dernière fois mes auditions.

-Ah...

-Et toi?

-Bien je pense que je vais moi aussi m'y mettre au moins une fois avant l'examen.

- Quoi, t'as pas préparé tes auditions???

-Non...

-Mais tu vas couler ton examen!!!

Alors, avec ce petit rire sympathique qui lui allait à merveille et son accent vietnamien, Anh m'avait lancé:

-Oui je sais mais je l'avais complètement oublié cet examen...

Alors je m'éclatai de rire!


Ces auditions... On en avait pour des heures, des dizaines et des dizaines d'oeuvres à écouter! J'adorais ça. C'est plaisant étudier en écoutant de la musique. Pendant l'examen, les pièces musicales étaient mises au hasard et jamais au début. Je regardais Anh écrire les réponses sans trop savoir, désespéré. C'était à la fois drôle et pathétique!


Combien de fois Anh est-il venu frapper à la porte de mon local de pratique, insistant et toujours chaleureux: " Aller, viens prendre un bon croissant sur St-Denis!" L'important pour lui était l'instant présent. La tentation était si forte mais je résistais, souvent... Comme j'aurais secrètement souhaité à maintes reprises sombrer dans le doux rêve et me désister de mes obligations, tellement son charme pur et innocent m'interpelait... Et je m'entendais lui dire: " Anh, je ne peux pas là mais, ce week-end si tu es libre, j'aurai tout mon temps et nous pourrons parler et rire à notre goût?"


Il me recevait avec ses sandales asiatiques, les pieds couverts de bas blancs. et semblait si confortable. Chez lui, l'éclairage avait l'allure d'une tendre fête magique, une lueur à la fois chaude, sombre et douce inondait la pièce comme nulle part ailleurs, si divinement parfaite. Ça sentait le poulet au curie. Il me mijotait de succulents repas avec calme et générosité. À quel point la qualité de sa personne m'enrobait  de sa chaleur sécurisante et si réconfortante, on n'a pas idée.... Anh l'unique, Anh le pur, mon ami.

J'avais beaucoup de talent certe mais lui était tout simplement génial. Au delà de tout, je l'aimais pour ce qu'il était; généreux, spontané, spirituel, bon, attentionné, pur, à l'écoute, vrai, passionné. Combien de fois nous nous sommes retrouvés seuls dans l'univers à réinventer le monde, entourés de chandelles disposées avec soin, inondés du parfum subtil de l'encens, la tête posée sur les coussins de repos:

-Met ta tête là, ça va te faire du bien...

Un soir, calmement, la tête bien posée au creux du coussin, je lui demandai:

-Anh, joue-moi quelque chose d'apaisant...

Alors, tout naturellement, il se mit au piano et m'interpréta une pièce sublime que je n'avais jamais entendue auparavant. Et moi qui pensais connaître Brahms... pfff... J'écoutais en silence, dans ce moment de grâce, les notes déposées avec toute l'élégance que je lui connaissais. J'aimais le voir jouer, si beau dans sa musique... Cela me subjuguait, me dépassait, il était l'âme de cette musique.

Alors voilà... La musique a de ces pouvoirs qui demeurent à jamais soudés dans le temps, conservant la magie d'un réel bonheur passé, transporté dans l'immédiat lorsqu'elle revient nous visiter.

Anh, mon ami, tu me manques tant...

Johannes Brahms

Intermezzo opus 118 no 2





samedi 22 février 2014

L'empreinte

Je me sens comme une débutante qui revient de loin, toute penaude, croyant fermement qu'elle ne réussira pas à dire, après tout ce temps de silence. 

L'exercice d'écriture m'a fait défaut, en même temps qu'il m'a terriblement manqué. 

Moins on écrit, plus les mots semblent nous échapper, comme la douce mélodie inconnue, écoutée quelque part, avec passion, qu'on aurait dû noter là, au bon moment,  tellement on l'aime et qu'on n'a pas fait. Zut...Vilaine fille.

Je devrais suivre l'exemple de Femme Libre et écrire tous les jours. La rigueur, vive la rigueur, celle qui nous donne de grandes ailes en finale. C'est tellement naturel et aisé pour moi en musique, léger et simple pour elle en écriture. J'admire sa constance. 

L'excès d'écriture n'a jamais tuer personne bien au contraire, et en prime, donne des ailes et une âme aux mots qui se mélangent exactement là, à la seconde près, à nos propres pulsions et sentiments  intérieurs, lorsque le tout est bien branché et ça, c'est une grâce, oui. Je ne peux pas écrire sans vivre cela.

Le centre de détention de Bordeaux peut devenir radieux à tout moment. Tout dépend de soi. Oui, on ne le répétera jamais assez: chacun possède tous les pouvoir, y compris celui de transformer les moments les plus affreux en instants agréables et des plus heureux. Je peux affirmer en toute bonne foi qu'ils resteront  pour moi heureux, pour toute la vie, oui, pour toujours.

Lorsque je mets les pieds là, ils sont tous polis ces gardiens, gentils, souriants et agréables avec moi. J'apprécie tellement.

- Maman, je comprends pas. Lorsque ma blonde vient me voir, elle dit qu'ils sont tous bêtes avec elle.

-Je pense que c'est une question d'attitude intérieure. Si elle se sent en paix, heureuse, ouverte et sans préjugés face à eux, je pense qu'ils le sentiront et seront agréables avec elle.

Il ne semblait pas certain de bien comprendre. Pas grave. Un jour, il comprendra. Moi je sais que c'est du fond de nous que ça part, pas ailleurs. On ne peut changer que soi-même.

Le centre de détention de Bordeaux, bien je l'ai vraiment tué, assasiné, parce que je l'ai décidé, point. Fini les larmes, les pleurs à n'en plus finir. J'en ai fait mon allié, un lieu de sérénité, de paix et d'amour. Peut-être que ça se sent au fond. Les gardiens sont gentils et d'une politesse avec moi, c'est comme une petite fête à chaque fois, oui, c'est ça, une petite fête et j'ai bien l'intention que ça demeure ainsi. Je trouve ça bien agréable les petites fêtes remplies de sourires.

Fafouin aura finalement sa sentence le 25 mars prochain. Entre-temps, la vie coule comme elle doit couler, nourrie de mes passions, ma musique, mon fils, mon conjoint, ma famille, mes petits enfants, mes amours, mes amis et tous ces petits imprévus qui rendent la vie, ah... comme ça, belle, si magnifique...

Hier, ils me souriaient encore, à fendre l'âme. Faudra que je leur dise la prochaine fois, que je les apprécie beaucoup, vraiment, ces gardiens de Bordeaux.

On peut transformer un parloir désuet et traumatisant en un endroit de mille éclats de rires.

Aujourd'hui, ce fut la fête avec Fafouin. Des souvenirs comiques et cocasses furent transformés en confidences de maman au vécu d'adolescente et jeune adulte troublée, complètement perdue et perturbée, absolument imparfaite et consommatrice de n'importe quoi. Un soulagement pour moi et une confiance indéfectible en mon fils. Il l'a senti, et moi, j'éprouvais le besoin et l'honnêteté pressante de lui confier mon imperfection.

Nous nous sommes compris. Je sentais qu'il savait que cela ne faisait qu'un temps, que les pires folies passent...
Oui oui je sais, il ne reste que 10 minutes à notre entretien, le petit billet de la gardienne de prison me l'indique. Alors, on se charge de les rendre les plus radieux et agréables possibles ces 10 minutes. Quelle chance, sans cela on ne saurait jamais tout ce qu'il reste de si intense et important dans l'empreinte vivante de nos mains collées contre la vitre. Je t'aime maman... Je t'aime Fafouin....