CROIRE QUE LES CHOSES SE PRODUISENT TROP LENTEMENT OU TROP VITE EST ILLUSOIRE. LE SYNCHRONISME EST PARFAIT. CHAQUE CHOSE ARRIVE TOUJOURS EN SON TEMPS... RIEN NE NOUS ARRIVE QUI N'AIT D'ABORD ÉTÉ SENTI ET PENSÉ. POUR CRÉER LE FUTUR, IL FAUT Y CROIRE SANS RÉSERVE.


Auteur inconnu

vendredi 15 février 2008

Le retour de la fleur

C'était la St-Valentin. Nous étions dans la voiture, mon conjoint et moi en direction d'un petit resto que je trouve sympathique. Tout bonnement, je demande:

Je n'ai pas de petit cadeau cette année?

Et mon conjoint de répondre:

Je t'ai donné des fleurs l'an passé?!

Hum...Réponse de gars... que je lui fais remarquer.

Alors, si j'ai bien compris, un présent de la St-Valentin c'est bon pour plusieurs années? Si j'ai reçu des fleurs l'an dernier, çà veut dire que mon envie d'en recevoir est rassasiée pour une couple d'années, ou à tout jamais?!

Et moi j'en ai pas de petit cadeau?

Non, lui dis-je, je n'ai pas eu le temps cette semaine.

On s'en fait pas trop avec çà avec la semaine de fou qu'on a eue. La soirée se passe agréablement bien je dois le dire, surtout la finale; le proprio, un pince-sans-rire du tonnerre tend une rose à mon conjoint et, avec son petit accent vietnamien lui dit:

Tu dois donner cette rose à ton amoureuse mais à genoux devant elle, d'accord?

Alors, Yang embarque dans le jeu et s'exécute volontier.
Faut croire que la rose était dûe...

dimanche 10 février 2008

Les fugues de Fafouin

Fafouin, mon grand garçon, mon unique, que j'ai dû avec grande douleur placer en Centre Jeunesse l'an dernier pour sa protection.

Je le revois encore, comme si c'était hier, le récupérant au poste de police après maintes recherches. Perdu, essoufflé, fatigué, les cheveux en brousaille, un après-midi où, normalement il devait être à l'école. Avec sa voix encore frêle de petit garçon:" Pourquoi t'as fait çà maman." Et de lui répondre, déchirée par le lien intense qui nous unit si tendrement:" Pour te protéger contre toi-même, parce que çà ne peut plus continuer ainsi."

Mon beau Fafouin, si sympathique, le plus beau sourire du monde avec son petit nez espiègle, créatif, brillant, intelligent, sensible, artiste, généreux, volontaire et impulsif, trop, ce qui lui a valu bien des déboires. Il pourrait être comédien, humoriste, graphiste, avocat...Il a tous les talents et pourtant... Quelque chose d'essentiel lui manque, quelque chose en lui ne va pas.

Les fugues... En voici une parmis tant d'autres, mais tout aussi inacceptable et déchirante pour la maman que je suis. C'est comme si, subitement, mon fils n'existait plus, qu'il s'était volatilisé à l'intérieur d'un monde que lui seul connaît. Et moi je prie, je prie, je supplie qu'on le retrouve, qu'il revienne. Où est-il? Avec qui? Est-il en détresse, étendu sous la neige quelque part sans que personne ne puisse s'en rendre compte? A-t-il mangé, dormi, est-il en danger de mort, agonise-il quelque part, ou peut-être crie-t-il à l'aide au fond d'un ravin, où nul ne peut le trouver?

De retour du poste de police à 4 heures du matin, après avoir fait l'impossible pour le retrouver, je me m'assoupis, encore sur l'adrénaline et en même temps épuisée. Quelle drôle de sensation, je n'aime pas... On ne pourrait y survivre longtemps.

Je me conditionne et dois tenir le coup, sans défaillir, rester en vie, pour lui, car il a besoin de moi, besoin d'aide, en attendant qu'il le demande lui-même, car c'est bien là le drame, il ne veut pas.

Je dois rester debout car je l'aime moi cette vie passionnante dans laquelle je n'ai jamais assez de 24 heures. Fafouin, je te donnerais mon cerveau en échange du tien, je m'arrangerais très bien avec çà. J'échangerais avec toi les passions qui me dévorent afin de te faire sentir à quel point la vie peut être belle et libre et remplie de beaux moments magiques.

Lâcher-prise... Quel mot tragique et horrible à l'oreille d'une maman qui a encore tant à offrir à son jeune.

J'ai lu quelque part une très jolie histoire; celle d'un jeune garçon qui a voulu aider un papillon à sortir de son cocon. Ce dernier n'a pu survivre, il avait besoin de tout son temps pour se former des ailes fortes et solides afin d'ouvrir sa carapace et d'explorer le monde. Malgré la bonne volonté du jeune homme le cocon resta à moitié fermé.

Je ne puis que guider Fafouin, mon beau papillon, et l'encourager à se construire mais je ne peux le faire à sa place.

Malgré la peine et l'inquiétude qui me rongent, je réussis à vivre quelques moments de grands bonheurs à travers ces heures et ces nuits qui passent parce que la vie continue elle, et je ne peux me permettre de la gâcher. Alors, j'enferme mon fils dans une bulle de protection invisible de maman avec des rituels que moi seule peux comprendre et le porte ensuite dans mon coeur.

Prendre le temps de sentir et goûter la douceur de l'hiver et la fine neige qui tombe sur moi, la vie quoi, le temps d'une petite marche silencieuse, respirant à pleins poumons alors que mon fils est en fugue. Y a-t-il plus grand lâcher-prise....