CROIRE QUE LES CHOSES SE PRODUISENT TROP LENTEMENT OU TROP VITE EST ILLUSOIRE. LE SYNCHRONISME EST PARFAIT. CHAQUE CHOSE ARRIVE TOUJOURS EN SON TEMPS... RIEN NE NOUS ARRIVE QUI N'AIT D'ABORD ÉTÉ SENTI ET PENSÉ. POUR CRÉER LE FUTUR, IL FAUT Y CROIRE SANS RÉSERVE.


Auteur inconnu

jeudi 14 novembre 2013

Enfin la lumière

Bien oui, enfin la lumière. 

Pas pour Fafouin mais pour moi. Lutte infernale afin de sortir d'une dérive de l'âme vers la noirceur. Terrible. C'est la 2e année consécutive que ça m'arrive. Et toujours à partir de la mi-septembre. J'ai remarqué que ce trou noir coïncide avec la fin de mes brasses dans la piscine, eau froide oblige. 
Je m' y suis fait prendre une autre année. Maintenant je sais; il faut que je remplace mes brasses par autre chose d'aussi intense. Obligatoire! Cette fois-ci j'ai compris...Vélo stationnaire intensif en remplacement de la piscine en plus de mes marches rapides quotidiennes avec mes chiens. Et vlan, me revoici sur le "On". Libération et reprise de ma joie de vivre!

Vous croyez vraiment que je suis toujours stable et forte? Détrompez-vous. Pendant tout le mois d'octobre, j'ai vécu une lutte intérieure intense avec le noir. Je ne veux plus revivre ça. L'an prochain je vais palier au déficit et sauter immédiatement sur le vélo lorsque les brasses piscine seront terminées. Bref, je dois poursuivre l'exercice intensif toute ma vie au moins 30 minutes par jour. C'est ça ma porte de sortie, mon énergie, un des billets vers le bien-être et bonheur intérieur assuré.

Fafouin maintenant. 

Première "re-visite" à Bordeaux fortement déficitaire pour moi. Pas bon d'aller là dans ma période noire. Pourtant, tout le monde est si gentil avec moi mais, rien ne passe. En sortant, je reprends ma carte de visite en larmes. Peux pas faire mieux, ça coule tout seul. Ils doivent être habitués avec ça, je ne m'en fais pas trop. Suis en train de remettre en question mes visites pour le moment. Ça n'a aucun bon sens de me présenter là en lambeau, je ne serai d'aucune utilité pour personne. Prenons le temps de reprendre des forces là!

Puis, de jour, comme de soir, je rumine... Me fais du mal et me flagelle carrément, repense aux moments doux de l'enfance de mon fils, ces moments précieux figés dans le temps, rien que ces instants précis où rien de toutes ces choses horribles ne s'étaient encore passées. La vie était là qui l'attendait à bras ouverts. Cours mon enfant, cours! La joie au coeur, le bonheur dans les yeux, un sourire comme c'est pas possible, dieu qu'il semblait heureux cet enfant lorsqu'il jouait avec ses camarades au soccer, puis au basket et enfin dans ses cours de karaté. Non mais, je ne me suis pas trompée, je le voyais ce bonheur, cet équilibre, j'y étais, spectatrice de cette joie de vivre.

Et puis voilà, le vent donne une sacrée raclée, venant balayer à tout jamais ces instants remplis de cette immense  pulsion de vie vers l'avenir. Et vlan, cela n'est plus. 

Tout se bouscule en moi. La réalité vient me gifler rapidement... Mon fils est un criminel... Mon fils est un criminel... Il est en prison... Il est en prison... Les deuils se multiplient... Pas d'adolescent ici, et moi qui y voyais tellement autre chose. Pas d'amis qui entrent et sortent,  pas de souffle de vie, un rayon de soleil en moins dans la maison, pas de bal de finissant, pas d'avenir pour l'instant et 2 petits-enfants avortés. Des talents en réserve et aucun moyen d'y parvenir pour l'instant.

Ok, stop, c'est assez. Acceptation. Je suis passée au travers, une autre fois. Non, ne me donnez pas de prix, ni médaille, j'ai souffert le martyre.

29 novembre, sentence. Bon sens, cela me semble une éternité. Pas certaine que mon fils acceptera mon témoignage écrit. Il résiste vraiment fort. Que puis-je y faire... Rien. Absolument rien!

Je déteste les attentes et zones grises. 29 novembre, on verra. Un jour à la fois.

Depuis 2 semaines je me suis retrouvée enfin. Et vive la vie!






jeudi 10 octobre 2013

Parler des vraies choses

Fafouin connaîtra sa sentence le 29 novembre prochain. Palais de justice de Montréal.  Fort probablement 2 ans et 1 jour, mais, son avocate que sa petite amie paie, va essayer d'obtenir 18 mois car, d'après elle, le juge ne semble pas être au courant qu'il a terminé en avril dernier une  peine de 9 mois. (Bien voyons donc toi ... ) 

Je tente de me dissocier du mieux que je peux de toute cette merde juridique mais j'avoue que j'ai beaucoup de difficulté. Ai-je besoin de vous dire que je ne crois plus ni en la justice et encore moins en les avocats? Mon fils vieillit et donc, je me contente de dire une seule fois ce que je pense bien franchement  de la situation puis, me retire par la suite. Insister serait malsain car je crois sincèrement que, et de un, je n'ai pas du tout l'intention de gruger encore une fois dans ce qui me reste de fond d'énergie pour ce genre de situation, et de 2, je pense qu'on devient adulte avec les expériences qu'on vit et ce qu'on en retire pour grandir par la suite.

Mon fils s'est fait avoir, tellement clair depuis le début... Comment a-t-il pu espéré s'en sortir avec une caution, en payant un avocat, avec un braquage et une séquestration? L'avocate savait très bien qu'il n'avait aucune chance de s'en sortir avec une caution, mais, tant que l'argent rentre... Faut pas se faire d'idées, il n'y a que le maire Vaillancourt de notre belle municipalité de Laval qui peut s'en tirer avec une caution, bien qu'il soit accusé de gangstérisme... Il a payé lui, le gros prix, avec notre argent en plus...  Belle justice! Guy Turcotte a été encore plus chanceux lui: cardiologue, le gros lot quoi! En ayant les moyens et se foutant pas mal de payer cher, on peut s'en tirer facilement et, sans remords en plus, même pour avoir martyrisé et tué de sang froid ses 2 enfants. Passons, je rage...

Depuis le 14 août dernier, mon fils s'est fait transférer 6 fois... sur-population carcérale : Rivière-des-Prairies, Québec, Baie-Comeau, Québec, Rivière-des-Prairies, Bordeaux. Ça, bien c'est le lot de la majorité silencieuse, celle qui ne peut se payer de BONS avocats ( bons est un bien grand mot...)
 Pour un être humain qui est déjà très instable émotivement, toute une épreuve. Mais, je sais qu'il y survivra mon Fafouin.

____

Fafouin devait passer en cour le 15 octobre prochain pour un méfait commis 1 ans 1/2 auparavant. Cet été, lorsque tout allait bien je lui avant dit que ça me ferait plaisir de témoigner en sa faveur s'il continuait de travailler  et de suivre la bonne voie. Il a retenu ce que je lui avais dit mais m'a demandé de témoigner en sa faveur après avoir commis ses délits...

Notre dernière rencontre à Rivières-des-Prairie fut formidable. mon beau garçon... Il ne veut pas parler de ce qu'il a fait, ce sentant assez coupable comme ça mais m'a laissé lui dire ce que j'en pensais et ce que j'allais écrire et présenter au juge et à son avocat si toutefois il était consentant. Il ne s'est pas offusqué. Au fond, il sait bien qu'il doit un jour affronter ses démons. M'a dit qu'il allait y penser.

Voici la lettre que j'ai rédigée et donnée à son avocate avec le consentement de mon fils...




À qui de droit,

mon nom est Nanoulaterre, je suis la mère de Fafouin ici présent.

Si je suis ici aujourd’hui c’est pour témoigner de mon expérience personnelle en tant que parent et ainsi, apporter un point nouveau dans ce dossier. Je tiens d’abord à préciser que je ne suis pas là pour entériner ni justifier en quoi que ce soit les actes dont mon fils est présentement accusé.

J’ai pu reconnaître en Fafouin, pendant toutes ces années passées auprès de lui, ses grandes qualités, son intelligence, sa joie de vivre et spontanéité, ses talents artistiques et créateurs, son grand coeur, sa sensibilité et sa personnalité attachante. J’ai pu aussi, avec le temps, constater sa grande force intérieure, son courage et sa capacité à rebondir et d’aller de l’avant ainsi que sa résilience à toute épreuve. Par la même occasion, je confirme qu’il a travaillé pendant 3 mois cet été, vivait de façon autonome et avait sa propre chambre. Et je n’ai aucune raison de douter de son désir profond et constant de gagner sa vie de façon stable ni de sa volonté de retourner aux études pour améliorer sa qualité de vie.

Très tôt, avant l’adolescence, mon fils a manifesté certains comportements déroutants. Son impulsivité et sautes d’humeur, spontanées et extrêmes l’ont placé bien souvent dans des situations embarrassantes, et pour lui et pour son entourage. Puis, vint le début de l’adolescence avec les fugues, drogues, alcool et petits délits. Une investigation psychiâtrique entamée en 2004 a été subitement interrompue, malheureusement, et jamais reprise par la suite...

Mon fils ne fonctionnait plus, à tel point que, pour sa propre protection et celle des autres, j’ai dû prendre une décision extrêmement déchirante, celle de le placer en centre jeunesse à l’âge de 14 ans.

Un système d’accès aux soins présentant des lacunes, des lois défaillantes et un papa peu coopératif ont laissé, avec les années, peu de place à ma volonté, en tant que parent de pouvoir offrir à mon fils les soins dont il aurait pu bénéficier. Peut-on vraiment être en mesure de décider à 14 ans de ce qui est bon ou pas pour nous, pour notre santé physique, psychologique et mentale?

Au fils des ans, l’impulsivité de mon garçon a gagné du terrain, atteignant toutes les sphères de sa vie.

En tant que parent, je suis allée chercher le support nécessaire. Ce qui m’a permis de comprendre un peu plus la dynamique de Fafouin.


Je pense qu’il serait fort souhaitable que mon fils puisse enfin avoir accès à des services appropriés à sa condition actuelle. Je pense entre autre à une approche vers un diagnostique en santé mentale. J’ai tout lieu de croire qu’il est possible ici qu’il soit question de troubles de personnalité limite caractérisés par une impulsivité extrême atteignant toutes les sphères de sa vie, ce qui l’empêcherait de fonctionner de façon adéquate.

Évidemment, rien ne vaut les décisions que mon fils puisse prendre, en toute  liberté et en toute connaissance de cause, pour son propre bien et le bien de son entourage, s’il est convaincu lui-même du bien fondé de cette possible démarche .Voilà.

Je termine en disant que, peu importe les décisions que mon fils prendra, je respecterai et continuerai, comme je l’ai toujours fait à le supporter dans tout ce qu’il entreprendra de positif pour son bonheur et sa vie future.

Sincèrement,

Nanoulaterre


dimanche 1 septembre 2013

Le bonheur sous les arbres

Le bonheur sous les arbres, hum... Comment expliquer. Et bien, il se trouvait ce matin-même de ce 1er septembre. C' était en même temps la fête de ma petite soeurette d'amour. Je lui ai laissé une petite chanson de mon cru sur son répondeur. Elle a demandé un rappel.

Le bonheur sous les arbres c'était absolument magnifique. Un peu comme un jeu d'enfant. Les jeux j'adore. Il y avait d'abord les ombres des arbres et entre eux le soleil. Ce matin de septembre était d'une douceur et fraîcheur à en caresser les peaux les plus sensibles. Ah... L'amour, ça peut se retrouver partout: dans le frisson fébrile des feuilles encore vertes, dans les pas sûrs d'un corps rempli de vie, dans le regard d'un petit chien heureux de gambader avec nous. Ce matin, l'amour m'a surpris et je ne m'y attends tellement jamais, j'en oublie ce monde. Alors voilà qu'en un pas ferme mais léger, je m'amuse dans les ombrages frais des arbres pour rebondir dans un petit courant de chaleur de soleil, un entre 2 arbres quoi! Et hop et hop...
Quand le jeu va-t-il se terminer? Jamais! Je ne veux pas. Tiens, ouf, il y a encore des arbres plein la rue, le jeu se poursuit. Je ne l'ai pas cherché mais je savais, simplement à respirer ce vent frais que j'allais y découvrir quelque chose d'unique, des petits trésors inimaginables. Partir à la découverte, merveilleux. S'agit simplement de se laisser aller sans penser...

vendredi 23 août 2013

Pauline dort ...


L’amiantose est une maladie respiratoire chronique sérieuse qui rend la respiration difficile.

Elle est causée par l’inhalation de minuscules fibres d’amiante, un minerai résistant à la chaleur qui a déjà été largement utilisé dans la fabrication d’isolants, de revêtements de sol en vinyle, de ciment, de garnitures de freins et d’autres produits. Les personnes qui ont été fortement exposées à l’amiante, à la maison ou au travail, pourraient développer cette maladie


Quels sont les symptômes de l’amiantose?
Il arrive souvent que l’on ne remarque pas immédiatement les symptômes de l’amiantose. Il peut s’écouler de 20 à 30 ans entre le moment où une personne commence à travailler dans l’amiante et celui où elle remarque des symptômes. Dès lors, certains dommages seront déjà permanents.

Les symptômes de l’amiantose incluent :

Essoufflement. Au début, les personnes atteintes d’amiantose sont essoufflées lorsqu’elles font de l’exercice ou un effort intense. Ensuite, elles deviennent essoufflées même au repos.
Difficulté à faire de l’exercice ou une activité physique (monter un escalier, soulever une charge lourde, etc.)
Toux sèche
Douleur thoracique•

 Le cancer primitif de la plèvre ou mésothéliome, est généralement consécutif à une exposition prolongée à l'amiante. Mais ce cancer peut survenir fort longtemps, jusqu'à 40 ans, après l'exposition.

Pauline dort  pour toujours à présent mais elle a souffert énormément, pas seulement de manque de souffle  ou de son cancer  de la plèvre du poumon, non, non, mais de chagrin, de savoir sa fille unique en souffrance permanente vers une course sans fin, vers sa propre destruction... Sa fille c'est comme un peu mon Fafouin...
Elle n'a pas su, n'a pu se préserver et survivre à la souffrance de sa fille.... Elle ne serait morte d'amiantose et de son cancer, qu'elle serait morte de chagrin pour C. ma cousine.

Pauline, douce Pauline, jeudi dernier on a parlé d'animaux, de ton petit chien dont tu t'inquiétais  tant, de mes  chiens et des chats de maman. T'étais heureuse là, vraiment heureuse.... Et le samedi, lorsque tout semblait terminé, tes yeux perdus se sont agrandis à la vue d'Adèle, ma petite chienne que j'avais amené pour toi. J'ai senti là qu'Adèle t'apportait un bonheur inespéré,  immense, que de  la joie pour toi, bien que tu ne puisses plus ni t'exprimer ni bouger...

Repose en paix chère Pauline de mon coeur. Tes souffrances je les prends et les souffle loin, très loin, là où le vent, les brises et senteurs des fleurs des champs n'ont nul emprise.

Je t'aime pour toujours xxx



mercredi 14 août 2013

Rechute...

Bon, c'est aujourd'hui que ça arrive. Je me réservais toujours une petite gêne au cas où, une petite gêne pour m'éviter l'effet de surprise et aussi la déception et la peine.

Lorsque je reçois un appel à frais viré, habituellement c'est pas bon signe. Après 3 mois d'une vie quand-même stable à travailler et payer sa chambre, changement de cap. Mon fils vient de se faire arrêter pour braquage et séquestration. Je n'en sais pas plus car il devait me quitter pour passer en cour:

-Et t'as fait ça avec quoi là, explique-moi?

-Un couteau.

....

-Je vais essayer d'avoir une caution maman.

Pensée magique...

-Mais t'auras pas de caution pour ce que tu viens de faire voyons! Et qui va payer?

-Ma blonde.

-Es-tu blessé, as-tu blessé quelqu'un ?

-Non.

-Il faut que je te quitte. Ils viennent me chercher pour la cour. Je te rappelle plus tard.

...

Bon, là je n'ai pas de peine, je ne panique pas. Je suis simplement en COLÈRE!

Calmons-nous.... Je reçois dans 1 heure ma grande amie d'enfance pour 2 jours et j'ai bien l'intention de passer de bons moments.

Analysons brièvement: il n'a blessé personne, il n'est pas blessé et ne peut plus faire de mal à personne pour un bon moment. De plus, il est en sécurité , alors bingo, tout est OK.


 À suivre...




vendredi 9 août 2013

Les cigales, les criquets et le bonheur...

Je n'écris pas souvent et pourtant j'en ai irrésistiblement envie, toujours. C'est que, ce qui se passe dans ma tête dépasse souvent le texte que je pourrais être en mesure d'écrire. Les mots, tendresses, bonheurs  et joie de vivre se bousculent, excusez-moi si je suis heureuse, parfaitement heureuse mais je le suis.

Présentement, les cigales et criquets  me procurent une paix immense. J'apprécie tellement leur chant lorsque les draps souples et doux caressent mon corps de ces nuits d'été à n'en plus finir.

Bien, je suis en vacance depuis le 22 juin dernier mais j'ose à peine le dire car, bien franchement je suis en vacance l'année durant. 

Maman s'inquiète de voir que je n'aurai pas de rentes de retraite d'un bon emploi rémunéré. Je tente de lui expliquer du mieux que je peux que...Y'en a pas de problèmes et que la retraite pour moi, ça n'existe pas.  Je sais, je suis hors norme. La retraite c'est quoi au juste? Le repos après le travail de toute une vie? Une vie bien remplie? Remplie de quoi au juste? Et pourquoi pas la vivre pleinement cette vie, du début à la fin en faisant uniquement ce qu'on aime?

"Reposez-vous, vous méritez de vous reposez. "

Et  se reposer de quoi au juste? Le travail ne devrait pas être une tâche à accomplir, simplement pour gagner sa vie. Absurde... Le travail ne devrait pas être un travail, non, cela doit être obligatoirement un état de bonheur quotidien de partage, en chaque instant, un partage de nos aptitudes les meilleures envers celui ou celle qui vient vers nous. En cette personne,  du fait qu'elle me fait confiance, j'ai le devoir de ne donner que le meilleur de moi-même en m'efforçant de demeurer sensible à ce qu'elle est,  à ses besoins et, à partir de là,  de m'assurer que cette personne sera, de semaine en semaine, de plus en plus heureuse.

Je pense que ce sera tout pour ce soir....

mardi 16 juillet 2013

Message clair

Je souhaite que ceux et celles 
Qui n'ont pas encore compris
Et qui jettent encore du plastique
Ne le fassent plus jamais...

Nanoulaterre xxx



dimanche 14 juillet 2013

Une nouvelle vie

Mon année d'enseignement s'est terminée le 22 juin dernier avec un très grand sentiment de devoir accompli, laissant derrière moi des élèves heureux, mes amours, qui, après une bonne année de travail ont pu montrer leur performance musicale à l'intérieur d'un petit récital intime. Je les aime, je les adore, ce sont mes trésors... Ils ont tous leur personnalité, ce petit quelque chose qui font d'eux des êtres uniques et spéciaux. Quelle chance d'avoir le privilège de passer avec chacun d'eux du temps de qualité et ainsi pouvoir les connaître et les apprécier comme ils sont. Certains ont un grand talent, d'autres moins mais je me fais un devoir que chacun reparte de chez moi avec un sourire et du bonheur dans les yeux. Je me sens infiniment reconnaissante de la chance que j'ai de pouvoir transmettre ma passion et de rendre les petits enfants heureux, vous n'avez pas idée.

Une nouvelle vie... Parce que depuis plus de 2 mois, mon Fafouin travaille toujours au même endroit et a toujours sa chambre. Stabilité, grande stabilité. Lorsqu'il vient me visiter, je le sens serein, en paix, calme, comme jamais auparavant. Il m'arrive souvent de penser que je vis dans un rêve, un monde qui m'est parfaitement inconnu, celui que j'ai toujours souhaité, imaginé, rêvé et supplié, souvent  à genoux, les mains jointes. Serait-ce la bonne fois enfin, le début d'un questionnement adulte vers le chemin de l'accomplissement personnel? Je remercie le ciel,  ma foi en mon fils, le dieu que j'ai prié maintes fois à voix haute, seule dans l'intimité de ma chambre. Je sens mon Fafouin devenir  un être de plus en plus fort avec cette volonté de la recherche de l'équilibre. Je pense que je ne peux pas me sentir plus heureuse là. Je sais, je savais du fond de mon être que ce beau, ce magnifique jeune homme avait un pouvoir illimité de volonté et de force, qu'il serait capable de tout,  pour le meilleur dans sa vie.

Je me sens redevenir une mère normale avec lui, à l'intérieur d'une relation  sereine, d'adulte à adulte, sans crainte, sans peur, sans rien de tout ce qui a pu déjà exister.  Je rêve ou quoi... Non. Quoi qu'il arrive, le passé est mort, définitivement mort. Peu importe s'il y a rechute un jour, je n'ai plus de crainte, aucune. Mon fils rebondira. Voilà.

Hier, je suis revenue par la petite route de la Montée du Moulin, premier chemin de l'Île Jésus,  le plus important, celui qui menait au moulin. Je m'y sens bien en ce parcours de tant de vécu et d'histoire. Je me suis arrêtée à la petite cabane de fruits et légumes des fermiers du coin, à la croisée des terres agricoles. En ouvrant la porte de la voiture, un relant de bonheur au nez s'offrit à moi, sublime et irrésistible mélange de fleurs des champs. J'aurais voulu mourir là, sur place, tellement c'était bon. 

M'adressant au fermier:

-Excusez-moi mais là je ne vois plus rien. Je ne sais plus ce que je suis venue chercher. Avez-vous senti ces fleurs, là, devant?

-Oui, j'ai le bonheur de les sentir tous les jours autour de ma maison.

-C'est merveilleux... Je ne veux pas que les champs disparaissent ici, ni les agriculteurs derrière.

-Ne vous en faites pas, au bout de l'île, ce sera très difficile.

Puis, nous nous sommes mis à parler de ce bout de terre à préserver, si beau et  fragile à la fois et tout ça à cause de cette douce senteur de fleurs des champs.

Mon été, j'ai le bonheur de le savourer en toute simplicité et libre de mes journées car depuis maintenant 26 ans je l'ai décidé ainsi. Ce temps de vide dans lequel rien n'est planifié et tout est possible, j'en ai besoin. Je profite donc de chaque journée, ne planifiant rien à l'avance, sans culpabiliser. Quelle chance...




jeudi 13 juin 2013

Poussée d'autonomie

Il y a 1 mois, Fafouin me téléphone:

-Maman, est-ce que je peux venir chez toi et me servir de l'ordi pour envoyer des CV? Parce que là, faut que j'arrête de niaiser. Je vais aussi régler mes histoires de dettes et j'ai beaucoup de choses à faire."

J'étais à la fois surprise et perplexe: 

 -Bien sûr, tu peux venir. Mais qu'est-ce qui a provoqué ce changement de cap soudain?

- C'est à cause de M-P. Elle me pousse dans le dos. Faut que je me grouille là.

D'accord, sa nouvelle petite amie. Souvent c'est ce qui le motive à agir. Je préférerais que ça vienne entièrement de lui mais pour l'instant, il faut faire avec. Il avance quand-même.

La nouvelle petite amie, moi, mon chum, ma mère... Tout le monde a mis des pressions afin qu'il se trouve une chambre, un endroit bien à lui. J'en avais plus qu'assez du "squatage" d'un endroit à l'autre. C'est pas une vie ça, mais surtout, ce n'est pas ce que nous souhaitions pour son autonomie.  Samedi dernier, j'avais atteint ma limite. S'il ne venait pas chercher son linge qui traînait dans une de mes bibliothèques, je mettais le tout dans un grand bac vert, à côté de la maison. Je n'ai pas eu à le faire, mon fils est venu chercher toutes ses affaires. Sa nouvelle petit amie l'accompagnait.

Fafouin travaille de nuit, depuis 3 semaines et s'est trouvé un endroit bien à lui; une chambre louée dans un logement. Le locataire du logement et l'autre chambreur travaillent . Tout le monde travaille quoi. Je pense que l'emploi de nuit lui convient à merveille parce que, de toute façon, il a l'habitude de se coucher très tard et aime se lever tard. De plus, en se levant à 16 hres l'après-midi il ne peut pas arriver en retard à son travail et en prime, n'a pas le temps de faire la fête. Fort intéressant aussi car mon fils ne semble pas aimer la routine et avec cet emploi, lorsqu'il pleut, il ne travaille pas et peut jouir amplement de sa liberté. À suivre. Un jour à la fois.

Sa nouvelle petite amie travaille et termine ses études en même temps. Très vaillante cette jeune fille.
Gentille aussi et très sociable. Me l'a présenté, est venu passer une soirée chez moi avec elle. M'a demandé comment je la trouvais. Bien sûr un parti très positif pour lui. Mais, je sens bien qu'il est avec elle pour la forme, parce que ça lui prend une femme dans sa vie, mais son coeur est ailleurs, avec Vé...

Vé, Vé... Il l'a appelé samedi dernier pour avoir de ses nouvelles. Elle venait d'entrer à l'hôpital. Son nouveau petit ami qui est devenu son ex il y a un mois l'a frappé et lui a lancé une chaise au visage. 
Mon fils s'est rendu immédiatement à son chevet, perturbé... Rien n'arrive jamais pour rien au fond. Pourra-t-il faire un retour sur son vécu en revoyant ses propres difficultés avec Vé?
Je sais qu'il a dit à Vé qu'il était entrain de faire exactement la même chose avec sa nouvelle copine qu'avec Vé... Prise de conscience? Pas mal quand-même comme réflexion, pour un jeune homme de 21 ans. Un bon début!

Bref, ce qui est arrivé à Vé a traumatisé tout le monde et moi la première.  Lundi, j'étais tellement pas là, faisant gaffes sur gaffes, une journée de m... quoi.

Depuis Dimanche, je n'ai pas de nouvelles de Fafouin. Un bref appel hier mais il n'avait pas le temps de me parler, devait partir pour le travail. Tout beigne. Parfait. Autonomie, c'est ce que je voulais. Il est capable ce jeune homme lorsqu'il se décide.






jeudi 23 mai 2013

Adieu M. Moustaki...

Avec vous j'entrais instantanément dans un autre monde, un monde de douceur et de paix. 
Georges Moustaki, beauté de l'âme, beauté suprême... le tendre, le romantique, le poète...

Le temps de vivre

Nous prendrons le temps de vivre
D'être libres, mon amour
Sans projets et sans habitudes
Nous pourrons rêver notre vie

Viens, je suis là, je n'attends que toi
Tout est possible, tout est permis

Viens, écoute ces mots qui vibrent
Sur les murs du mois de mai
Ils nous disent la certitude
Que tout peut changer un jour

Viens, je suis là, je n'attends que toi
Tout est possible, tout est permis

Nous prendrons le temps de vivre
D'être libres, mon amour
Sans projets et sans habitudes
Nous pourrons rêver notre vie

Georges Moustaki


vendredi 17 mai 2013

200 kilomètres à l'heure

Bien oui. C'est de cette façon que vit mon fils présentement. Comment fait-il, dans quel monde vit-il... Étourdissant. Si j'avais eu le malheur de me laisser entraîner là-dedans, émotivement, je serais morte aujourd'hui. Personne n'y survivrait, je peux vous l'assurer. Mais lui, comment fait-il... C'est quoi le truc?

____

15 avril, sortie de détention de Fafouin. Journée splendide, je vais le chercher, le serre dans mes bras, pleure un bon coup. C'est quand-même quelque chose de pouvoir enfin serrer son fils après 1 ans de conversation derrière une vitre. Je pense que j'avais sous-estimé la chose et pris beaucoup sur moi... Le coeur me rattrape.

Plan no. 1 de Fafouin: aide sociale.

-J'ai peur...

-T'as peur de quoi?

-J'ai peur de rester sans argent, qu'ils ne m'en donnent pas.

-Sois sans crainte, ça va bien se passer. Au pire, t'as une famille, t'es pas tout nu dans la rue, comme plusieurs qui sortent. Et on peut s'arranger pour les prochains 2 semaines.

Bureau d'aide social. N'aura un chèque que dans 10 jours...


- Pis après y vont se demander comment ça se fait qu'on continue à voler!!!

-Eh! Wow! Ce n'est pas une raison, rien ne justifie de voler OK?

Plan no 2 de Fafouin

R,V. avec agent de probation. Je l'accompagne au palais de justice.  Tout est beau, premier rendez-vous à jour. Alors go.

Plan no 3: logement, chambre. Je dois l'avouer, mon plan...

-Non maman, c'est assez pour aujourd'hui. Je ferai ça demain...

Il n'y a jamais eu de lendemain pour se trouver un toit. À partir de ce moment, tout était trop, trop pour lui.

-J'ai pas d'argent, ça  ne sert à rien de chercher une chambre..

Rien à faire. Tout vient toujours de l'extérieur, jamais de lui.

- C'est pas une raison. Je t'avance 2 semaines et tu me remets lorsque tu recevras ton chèque. C'est  si important d'avoir un toit.

- Je sais.. Cette semaine maman je vais prendre ça smooth.

Smooth pour Fafouin = buttinage d'une fille à l'autre,  faire la fête, beuveries et nuits blanches. J'ai compris assez vite en même temps que de préserver ma vie et mon bonheur rapidement. Règles strictes ici. Alors il ne vient pas souvent coucher.

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M'appelle en panique. Il a des boutons sur les lèvres, n'aime pas ça. Hum, je me doute bien de ce que ça peut être...


- ça m'apprendra à coucher avec une danseuse!!!

Ouf...
 ____

-Faut que j'arrête de boire...

Au moins, il se le dit à voix haute.. Première prise de conscience. C'est toujours ça de pris...

-Mais tu allais aux groupes AA lorsque tu étais en détention, il me semble que tu aimais ça?

-Oui mais je faisais ça juste pour me changer les idées, pour passer le temps.

D'accord, il ne le faisait pas pour lui. Pas prêt...

_____


 Sans entrer dans les détails je dois dire que mon bonheur et ma vie en furent préservés à ce jour. Mon équilibre est si important... Un jour, je me souviens avoir dû signaler mon propre fils à la DPJ et leur dire que je ne le reprenais pas chez moi après l'école afin  que le signalement soit pris au sérieux. et que Fafouin puisse être en sécurité. Il avait 14 ans...  Ce fut la plus difficile décision de ma vie. Cette journée-là, lorsque tout fut terminé, j'ai plongé endormie dans mon fauteuil. Lorsque je me suis réveillée et levée, je ne tenais plus sur mes jambes, et devais m'appuyer sur les meubles pour enfin pouvoir marcher... À cet instant même, je me suis jurée que plus jamais je  ne me retrouverais démolie et affaiblie de cette façon, peu importe les circonstances et la situation.

________

Il l'a reçu son chèque, un peu avant le 1er du mois. En 10 jours il n'avait plus rien. Tiens, un soir il est arrivé chez moi avec des vêtements neufs...

-Mais Fafouin, cet argent est pour te loger et te nourrir!

-J'avais envie de me gâter.

-MERDE, JE NE T'AI PAS ÉLEVÉ COMME ÇA!!!

Je me sentais tellement idiote d'avoir répondu ça, surtout à un jeune homme de 21 ans. À un moment, on ne sait tellement plus quoi dire, En fait, il y a tellement peu à dire... Toute parole devient tellement ridicule, stérile et surtout inutile... Je me tais, de plus en plus. Pas question que je le fournisse monétairement. Il le sait, ne me demande rien. Il se débrouille oui, très bien. Tiens, hier soir, il avait des souliers neufs de belle qualité dans les pieds.

-T'as des souliers neufs?

-Oui.

-Et qui t'a payé ça?

- J'ai de l'argent...

Lorsqu'il est parti, je suis allée me chercher une bière pour faire passer ça...

Depuis 3 jours, je sens que je le perds. Il n'est plus là,  ni lui, ni le regard, tout est pressant. Les êtres qui l'aiment et lui veulent du bien sont si loin de lui. Ne les considère pas, ne les voit plus. Le voilà de nouveau retombé dans le néant et la négation de son être, alcool depuis 1 mois et drogue maintenant. Je le connais tellement.

 -Fafouin, regarde-moi . Je trouve que tu es en train de perdre la belle liberté que tu désirais tant. Il n'est pas trop tard tu sais. Tu peux arrêter ça là, maintenant...

-Arrête de m'achaler avec ça, j'suis pressé là!!!


Les agences de recouvrements à ses trousses de même que son agent de probation, parce qu'il ne va pas aux rendez-vous, les entrevues qu'il décommande... Le voilà de nouveau enfoncé. Il l'écrit si bien dans son réseau social;

-Je dis toujours non à l'alcool mais elle ne m'écoute jamais!

samedi 4 mai 2013

Bizous de mai

Ce mois de mai

Ce mois de mai 
Ce moi de mai
Ma verte cotte
Ce mois de mai
Ma verte cotte
Ce mois de mai
je vêtirai

De bon matin me lèverai
Ce joli, joli mois de mai
De bon matin me lèverai
Un sault, deux saults, trois saults 
En rue je ferai 
Pour voir si mon ami verrai  
Je lui dirai qu'il me descotte 
Me descottant le baiserai

Ce mois de mai
Ce moi de mai
Ce moi de mai
Ma verte cotte
Ce moi de mai
Ma verte cotte
Ce moi de mai 
Je vêtirai

Clément Jannequin
(1485- 1558)

La cotte est une jupe paysanne!




jeudi 28 mars 2013

Une belle vie...

Fafouin est à Bordeaux depuis janvier. Me suis adaptée, vraiment. J'ai même réussi à faire de ces visites un temps pour moi en même temps que pour lui. Règle no.1: le sourire. Pourquoi? Bien parce moi, j'ai pas envie d'arriver là déprimée, que je suis pétante de santé et que j'ai bien l'intention de le rester. Ceci dit, sitôt sortie du stationnement, pièces d'identité présentées, je fais ma marche rapide jusqu'aux portes de fer vertes. Je pense que ça se transmet là, je veux dire le sourire:

Le gardien:

-Bonjour, vous venez pour me visiter?

-Oui! Comme à toutes les semaines!

Je me dépêche à prendre un numéro  parce que j'ai hâte de me plonger dans mon magasine Santé. Savoir utiliser le temps qu'il me reste à attendre de la façon la plus profitable devient un art!

Tiens, aujourd'hui, il y a peu de gens. Je suis assise à côté d'une jeune femme et devant un beau jeune homme d'au plus 20 ans. Elle et lui discutent. Lui, je l'observe...

- Je viens de sortir, j'ai passé 6 mois en dedans pour... C'est vraiment le fun la sensation quand on sort!

Il est si beau, d'une prestance, un charisme incroyable, comme mon Fafouin. C'est pas un 2 de pique croyez-moi. Je ne peux faire autrement, abaisse mes lunettes et lui lance:

 Je trouve que tu as une belle personnalité et toute l'avenir devant toi. As-tu du soutiens pour ta sortie?

-J'ai un métier, je suis briqueteur! Me dit-il tout enjoué.

Il était très positif.

-As-tu des gens pour te supporter là-dedans?

- J'ai mes cousins et cousines et des amis ici mais...

-Et tes parents?

-En 6 mois, mon père  et ma mère ne sont jamais venus me voir.

-Je trouve ça bien triste... Bonne chance mon garçon...

J'étais attendrie, ce jeune, je l'aimais déjà de tout mon coeur, c'est comme si c'était mon fils. Il s'est levé, des gardiens l'appelaient, puis il sortit. Je me tenais devant la porte car mon tour arrivait. Je le vis sortir de nouveau. Il jeta un regard curieux en ma direction, vers la salle d'attente. Je lui fis un beau bonjour d'une main qui voulait tout dire à la fois, une main d'amour quoi. Il me renvoya le plus beau des sourires. Trésor, je ne l'oublierai jamais...

Ici, il se passe toujours plein de choses, plein d'émotion.

______________

Arrivée aux parloirs, pour la première fois, je ne suis pas restée longtemps, à peine 15 minutes.

- Ta sortie est dans presque 2 semaines. Quelle est ta priorité en sortant Fafouin, tu y as pensé un peu?

-Oui, faut que je me trouve une job. Je vais faire une demande d'aide sociale aussi, j'ai pas le choix.
Je vais me faire un peu d'argent en sortant, pour m'aider un peu, je vais cacher des... dans mes bas et le vendre...blabla...

 Je n'entrerai pas dans les détails. Comment dire, et vlan, je recevais tout à la fois: une gifle, un cauchemar, une déception intense en même temps qu'une peine profonde mêlée d'une d'immense impuissance. Mais qu'est-ce que je fais là moi? Je suis un beignet ou quoi? J'avais le sentiment d'avoir été trompée sur toute la ligne, naïve à tel point... Ou bien est-ce la mère en moi  qui ai tant espéré le voir prendre un chemin trop différent de ce qu'il est véritablement? Simplement parce que je souhaite  comme tout bon parent le voir libre en ce monde, qu'il soit heureux? Mon fils ne veut pas suivre le droit chemin. Sa vie c'est de cette façon qu'il l'a choisie et qu'il veut la vivre. D'une évidence...

-Maman, pourquoi tu ne parles plus, qu'est-ce que t'as?

-Bon, écoute, je ne me sens vraiment pas bien là. Je suis en colère, j'ai de la peine, et à la fois déçue. Je croyais sincèrement que tu voulais te faire une belle vie... Je suis désolée mais je pense qu'aujourd'hui, je ne serai pas d'une très bonne compagnie pour toi. C'est trop là. Laisse-moi digérer tout ça d'accord? Maintenant, je dois partir...

- Mais maman, t'es pas sérieuse là???

-Oui. Il faut que je parte. Désolée. Je t'aime.

Je pose ma main contre la vitre et pars.

En quittant, je me suis parlée. Non, c'est pas vrai que je vais commencer à déprimer là. J'étais vraiment décidée à me recentrer sur moi-même sans quoi j'aurais fondu dans le désespoir, en larmes. Et cela m'aurait servi à quoi au juste? Pfff, non... Ajustement. J'ai passé une très belle fin de journée parce que j'en ai décidé ainsi: marche rapide, respirations lentes, soleil, repos.Faut que je m'occupe de moi, toujours.

OK. Il reste 2 semaines avant la sortie de Fafouin. Malgré 10 mois d'emprisonnement, le résultat est ce qu'il est, donc, impossible de l'aider ni le soutenir en quoi que ce à sa sortie. Tiens, je me vois parfaitement lui dire d'aller son chemin. Lâcher prise total: " Mon garçon, vole, vends de la dope, c'est vraiment ce que tu désires, bien fais-le et vas ton chemin!!"

Par contre, il faut qu'il sache que s'il choisit cette direction, il ne pourra pas venir à la maison aussi souvent qu'il le souhaite, de moins en moins en fait  et peut-être un jour plus du tout parce que son mode de vie me fait peur, terriblement peur...



vendredi 22 mars 2013

L'Escalier

Certaines chansons m'ont transformée profondément.
Je partage celle-ci avec vous.


 Fallait-il qu'il soit inspiré, bon sens...
Écrire” L’escalier” à 27 ans, assez impressionnant.
En boucle toujours,  et j’aime tant la chanter, ça me gagne les tripes si vous saviez à quel point.

Paul Piché, un grand auteur-compositeur-interprète du Québec.

L’Escalier
1980


Juste avant d'fermer la porte
J'me d'mandais c'que j'oubliais
J'ai touché à toutes mes poches
Pour comprendre que c'qui m'manquait
C'était ni ma guitare
Ni un quelconque médicament
Pour soulager quelque souffrance
Ou pour faire passer le temps

Pis tout au long de l'escalier
Que j'ai descendu lentement
Parce que sans raison j'aurais r'monté
Parce que sans raison j'allais devant
J'étais tout à l'envers
Parce que c'qui m'manquait
C't'ait par en-dedans
J'me sentais seul comme une rivière
Abandonnée par des enfants

Et pis le temps prenait son temps
Prenait le mien sur son chemin
Sans s'arrêter, sans m'oublier
Sans oublier de m'essouffler
Y'a pas longtemps j'étais petit
Me voilà jeune et plutôt grand
Assez pour voir que l'on vieillit
Même en amour, même au printemps

Alors voilà, je me décris
Dans une drôle de position
Les yeux pochés et le bedon
La bière sera pas la solution...
J'aimerais plutôt que cette chanson
Puisque c'est de ma vie qu'il est question
Finisse un soir dans ma maison
Sur un bel air d'accordéon

Pis les enfants c'est pas vraiment vraiment méchant
Ça peut mal faire ou faire mal de temps en temps
Ça peut cracher, ca peut mentir, ca peut voler
Au fond, ca peut faire tout c'qu'on leur apprend

Mais une belle fin à cette chanson
M'impose de dire c'que j'aurais dit
Si j'avais pas changé d'avis
Sur le pourquoi de mes ennuis
Ben oui, j'allais pour me sauver
Vous dire comment faut être indépendant
Des sentiments de ceux qu'on aime
Pour sauver l'monde et ses problèmes
Qu'il fallait surtout pas pleurer
Qu'à l'autre chanson j'm'étais trompé
Comme si l'amour pouvait m'empêcher
De donner mon temps aux pauvres gens
Mais les héros c'est pas gratis
Ça s'trompe jamais, c't'indépendant
La gloire paye pour les sacrifices
Le pouvoir soulage leurs tourments

Ben oui, c'est vous qui auriez pleuré
Avec c'que j'aurais composé
C'est une manière de s'faire aimer
Quand ceux qu'on aime veulent pas marcher
J'les ai boudés, y ont pas mordu
J'les ai quittés, y ont pas bougé
J'me sus fait peur, j'me sus tordu
Quand j'ai compris ben chu r'venu

J'les ai boudés, y ont pas mordu
J'les ai quittés, y ont pas bougé
J'me sus fait peur, j'me sus tordu
Quand j'ai compris ben chu r'venu

Quand j'ai compris que j'faisais
Un très très grand détour
Pour aboutir seul dans un escalier
J'vous apprends rien quand j'dis
Qu'on est rien sans amour
Pour aider l'monde faut savoir être aimé
J'vous apprends rien quand j'dis
Qu'on est rien sans amour
Pour aider l'monde faut savoir être aimé


Paul Piché, 1980







vendredi 8 mars 2013

La réalité de Fafouin



Bien sûr que j'appréhendais de voir cette émission parce que je savais bien ce qui se passait "en dedans." Mon fils m'en a tant parlé, de long en large, en détail... Je pense que ça lui faisait du bien de se livrer, de se dire, de nommer sa réalité. Par chance, il avait l'opportunité de le faire... Et moi je pense que c'était plus qu' important d'y être mais surtout d'écouter sans juger, simplement en posant ma main contre la vitre. Je ne sais pas trop comment je fais, je ne peux pas le serrer contre moi, depuis maintenant 10 mois.

Chaque semaine, j'affronte le monstre Bordeaux, celui qu'on voit dans le reportage. Pas besoin d'être un AS pour comprendre ce qui se passe à l'intérieur de ces murs. Il suffit simplement de s'y rendre en tant que visiteur d'un détenu pour constater à quel point la situation est désastreuse.

En franchissant les immenses portes de fer vertes, je me dirige vers la petite pièce à gauche et prends vite un numéro, Puis, j'attends debout en me fondant aux autres, entassés comme des sardines. Tiens, la dernière fois, je ne sais pas trop pourquoi, les gardiens ont laissé les portes extérieures ouvertes, on gelait, littéralement. Deux minuscules bancs au fond de la pièce près des machines à "chips", la voici la place qu'on nous fait. Des mamans avec de jeunes enfants en poussette, souvent, des petits bébés naissants, attendent elles aussi debout, comme tout le monde... Celle-là sont définitivement plus fragiles que moi. Je leur tire ma révérence.

Ça m'est arrivé à plus d'une reprise de rebrousser chemin, simplement parce qu'il y a trop de monde, que l'attente est trop longue et qu'au bout d'une heure, le temps des visites est terminé. Tiens "vlan", tout le monde dehors, sans droit de parole. Est-ce qu'on peut s'imaginer simplement la déception du détenu, seul et fébrile à l'attente de recevoir l'unique visite permise de la semaine?

Je me suis adaptée. J'ai compris qu'il valait mieux arriver beaucoup plus tôt, prendre un numéro et joindre l'utile à l'agréable en m'apportant une revue réconfortante. J'y plonge mon regard et lis, ça me fait oublier ce que je vois autour de moi. On m'appelle, numéro untel...Yé! Vite, je  donne mon permis de conduire, me débarrasse de mon sac à main que je dois déposer dans un petit casier cadenassé. Je suis libre quoi! Non, pas tout à fait. Je dois montrer ma petite carte avec permission  de visite avant qu'on ouvre les grands barreaux de fer noirs extérieurs. Comme si ce n'était pas assez, dans la cour intérieure je vois toutes ces fenêtres et barreaux où logent les détenus avant de franchir la porte menant aux parloirs. L'immense crucifix à ma gauche me rassure, en même temps me rappelle la souffrance intérieure de tous ces détenus dont mon fils fait partie.

Encore des barreaux à franchir, jusque-là les gens sont souriants, gentils. Ensuite, silence, tout redevient sérieux, trop. Mon regard se pose sur les gardiennes avant qu'elles n'ouvrent la porte, sourires en moins. Le font-elles exprès pour nous faire attendre? Biiiip!!!  ET PUIS QUOI ENCORE??? Est-ce qu'on s'imagine qu'avec toutes ces restrictions et malgré la vitre qui nous déchire, nous séparant de nos proches, on peut encore avoir l'idée de passer de la DROGUE???? Et de quelle façon, voulez-vous bien me dire??? Désolée mais, de toute évidence, ceux qui passent la drogue doivent nécessairement la lancer par dessus le grillage à l'extérieur ou, bien travaillent à Bordeaux. Bien voilà je l'ai dit, faut que ça sorte. Certains visiteurs excédés, j'en ai été témoin, ont osé le dire aux gardiens et se sont fait menacer d'expulsion s'ils continuaient de s'ouvrir la trappe. Sans commentaires. Nous somment lâchés dans l'arène devant une meute de loups...

Les parloirs de Bordeaux, ouf... Un brouahah de sons, mélange de pleurs d'enfants,  de bébés, de  conversations frères, soeurs, mères, amplifié par ce plafond cathédrale , la chaleur et ce manque d'intimité. Des parloirs désuets dans lesquels les visiteurs doivent se contorsionner  à genoux sur leur chaises  dans le but de défier une table de métal extra-large afin de pouvoir  entendre la conversation de son proche.

Voilà. Bien malgré tout, je peux vous confirmer que mon Fafouin me quitte toujours avec le plus beau des sourires, confiant en l'avenir, stimulé et heureux. Pourquoi? Parce que  même l'endroit le plus minable, la situation la plus pitoyable n'a jamais eu la moindre emprise sur l'amour véritable.


samedi 2 mars 2013

Demain, je serai millionnaire


Je cherchais intuitivement un titre pour ce retour que j'ai, bien honnêtement, désespérément même, souhaité et désiré ardemment depuis janvier 2013, ceci dit, bien humblement.

Je suis travailleuse autonome. De septembre à décembre dernier les temps furent difficiles, J'en arrachais vraiment. Des moments rarement vécus mais somme toute possibles et prévisibles lorsqu'on ne dépend que de soi-même. Le prix à payer pour demeurer libre quoi!

Travailler pour soi implique une grande marge d'insécurité,  et c'est cela le "deal" avec lequel je jongle et vis très bien, merveilleusement bien, depuis toujours. Pourquoi? Parce que ce qui  a compté et compte toujours vraiment le plus pour moi c'est de me consacrer pleinement et entièrement  à ma vie terrestre, en chaque instant, maître de ma créativité, de mes horaire, de mon temps. Cette grande liberté et désir irrépressible de vivre en pleine conscience le moment présent et faire vraiment ce que j'aime n'a, à mes yeux, aucun de prix. Voilà.

 La richesse est bien relative. En de dures moments financiers, jamais je n'ai cessé d'être confiante. Même dans les instants les plus désespérés je me suis toujours fait un devoir de me répéter inlassablement et avec foi : "C'est pas grave parce que demain, je vais être millionnaire."Curieusement, avec cette vision, ce lâcher-prise, je n'ai jamais manqué de quoi que ce soit, ni pour moi, ni pour mon fils. Tout arrivait en temps.

Mais oui, millionnaire, maître de ma vie...

Du plus loin que je me souvienne, il me semble bien que cette révélation m'est apparue chez ma grand-maman paternelle que j'adorais. J'avais 3 ans...

Dans le logement de ma grand-mère, juste en face du parc Molson, dans le quartier Rosemont, il y avait un immense bain à pattes dans cette petite petite pièce sombre sans fenêtres. Un bain à pattes, c'est si impressionnant pour un tout petit, sans la chaleur du soleil. L'unique ampoule "pandouillait" au bout d'un fil au plafond mais n'arrivait pas à me rassurer, il y manquait cette vraie chaleur, celle qui nous réchauffe et rassure. Déjà, la pénombre me faisait entrevoir les pires monstres et je devais prendre mon bain avant le dodo...

-Grand-maman, mets pas trop d'eau dedans?
-Ne t'inquiète pas chère minou, grand-maman va faire attention...

J'avais tellement peur que le bain m'engouffre. Encore plus intriguant ,  je n'osais m'imaginer ce qui se passait  en dessous. Un grand vide immensément noir. Qu'est-ce qui s'y cachait, encore plus terrible qu'en même temps effrayant, oh que tant...

Et pourtant, grand-maman, avec son amour, sa douceur et sa grande bonté, réussissait à mettre de la lumière sur mon insécurité. Il y avait, comme je souhaitais, juste assez d'eau, et la sincérité de son amour remplaçait le soleil  inexistant de la pièce d'eau. Comment dire... Dans la pire noirceur, je retrouvais le soleil.

Chez ma grand-mère, j'étais libre de demeurer moi-même, en tout temps. Grand-maman, t'as pas idée à quel point t'as pu influencer positivement ma vie dans tous les sens du mot, de quoi rester millionnaire pour le reste de ma vie. Un parcelle de toi et d'autres aussi, m'ont permis de danser,  m'inventer des voix, faire de la musique, écrire, rêver, me raconter des histoires à voix haute, autant que je le voulais, en toute liberté, sans jamais être jugée.

 Chez toi j'ai tant dansé, virevolté autour de ta belle grande table de bois, imaginant le théâtre, la musique, les marionnettes et m'y sentais immensément bien. J'y ai puisé à même la source du meilleur de toi et trouvé ma voie.

Et comment ne pas me sentir millionnaire, lorsqu'au jour de ton dernier repos, par un froid glacial. la grande voiture montait tranquillement la route parmi les gigantesques sapins tout blancs des montagnes de Ste-Agathe-des-Monts. Des sapins grands comme ton coeur.  Grand-maman, j'entends toujours ta voix, je t'aimerai toujours xxx