Mercredi dernier, en me rendant au centre de détention, je n'étais vraiment pas d'attaque. Une tension désagréable au niveau du cou m'empêchait de ressentir mon aplomb. Que se passe-t-il, dans quel état est-il...
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Il y a 2 semaines, lorsque Vé m'accompagna et qu'elle n'a pu entrer, faute d'avoir ses pièces d'identité, je pensais le retrouver complètement écroulé. Mais non, il avait pourtant pris la chose comme un grain de sel:
-Tu lui diras qu'elle est nounoune d'avoir oublié ses pièces d'identité mais que je l'aime quand-même..."
-Où est-elle maman?
-Elle est là, juste derrière toi dans cette petite bâtisse.
Lui avais-je répondu, rassurante, le sourire en coin.
Il se retourna et cela lui suffit
À retrouver son équilibre
La présence de l'être aimé
Là, tout proche, à seulement quelques mètres
Suffit à apaiser les coeurs meurtris
Qui s'aiment malgré tout
Les yeux sont tellement aveugles...
Puis, mon fils me raconta de quelle façon il s'y prenait pour taquiner sans malice les nouveaux venus en les piégeant. Il m'a bien fait rire. Je reconnaissais en lui son côté farceur et rieur et, quelle joie, je retrouvais mon Fafouin.
Et il était heureux, oui, cela se peut fort bien...
Sa mère l'était aussi.
Ils avaient le droit d'oublier les cloisons qui les séparaient
Et se sont donnés l'ouverture de le faire
Sans reproche, sans culpabilité.
Pourquoi faudrait-il toujours pleurer et souffrir?
Le chemin du bonheur se trouve souvent là
Où personne n'aurait pensé le trouver.
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Alors donc, ce mercredi comme toujours, je tâche de faire rire un des gardiens avant de passer le détecteur. Faut bien brasser un peu cette atmosphère austère. M'adressant au gardien debout:
-Mais vous êtes donc bien grand vous!!!
Et le gardien assis, de répondre;
-Oui, et en plus, moi je suis grand et lorsque je suis à côté de lui, j'ai l'air d'un nain!
L'humanité est ainsi faite
Dès qu'on retire les conventions
Et qu'on demeure vraiment sincère et vrai
L'atmosphère se détend
Puis, le bonheur se ressent à l'intérieur de chacun
N'est-ce pas merveilleux?
Je longe le petit chemin extérieur menant aux parloirs. la chaleur extérieure était sufoquante.
Arrivée à destination, le gardien présent me dit:
-Je vais vous donner le no 7, vous allez être plus tranquille.
-Merci beaucoup...
Fafouin arrive, contrarié...
-Est-ce que t'as rejoint Vé avant de partir?
-Non, j'ai laissé un message vocal et un message texte mais sans réponse.
-Elle se crisse de moi...
-Bien moi je ne suis pas de cet avis Fafouin. T'es-tu posé la question que, peut-être qu'elle n'est pas réveillée encore? Elle consomme beaucoup. Cela est fort possible, ne crois-tu pas?
Mes paroles se voulaient encourageantes et sincères.
-Bien moi je pense qu'elle s'en crisse. C'est de ma faute, j'ai couru après, je l'ai abandonné...
Je ne savais trop quoi lui dire, sentant qu'il était en réflexion, je le laissai parler...
-Maman, je vais retourner dans ma cellule. Je ne veux plus que personne vienne me visiter, ça me fait trop de peine et je n'appellerai plus personne. Il faut que je travaille sur moi-même...
Nous sommes restés un moment ainsi, sans parler. Lorsqu'il me parle, il doit se pencher vers l'avant, je vois alors ses deux rosettes derrière sa tête, mon enfant.... Mon ventre crie, chaque fois. J'ai l'impression d'être dans un cauchemar, cela peut-il être possible? Mon enfant, mon bébé, en prison...
Une mère demeurera toujours une mère
Les bras tendus, dans un amour innommable, éternel.
L'envie de porter sur son coeur
Sans jugement, jamais, cet enfant
Dont on connaît les grandes qualités de coeur et d'esprit
Celui qu'on a lu, dès la naissance
Et en qui on croit, très fort et pour toujours...
-Bon, je m'en vais là. Je t'aime maman...
Je suis restée là, brisée. Je sais que ses paroles ne sont que positives et remplies d'avancement.
Pourtant j'ai si peur de ne plus jamais le revoir. Et s'il commettait un geste irréparable, par douleur, comme il a déjà voulu faire...
Les vitres du parloir ont éclaté en mille miettes. Je cherchais un refuge que je ne trouvais que difficilement, coincée entre ces 2 séparateurs et la baie vitrée, mon fils disparu. Il me fallut un bien long moment pour sécher mes yeux. Puis, je suis partie. Tout au long du chemin du retour, dans la voiture, je ne pus contenir ces larmes qui coulaient à flot.
Mon fils, tu n'es pas loin
Je calcule la distance
Une rivière seulement nous sépare
Peut-être n'ai-je pas assez prié?
Tu la vois là, la petite église
De l'autre côté de la rive?
J'irai me fondre en prière
Et t'enverrai le meilleur de ses retombées
Le meilleur, je te jure.
Je calcule la distance
Une rivière seulement nous sépare
Peut-être n'ai-je pas assez prié?
Tu la vois là, la petite église
De l'autre côté de la rive?
J'irai me fondre en prière
Et t'enverrai le meilleur de ses retombées
Le meilleur, je te jure.
15 commentaires:
et je serai à tes côtés, ma main dans la tienne, pour prier, car peut-être, que deux Nanou ensemble, la prière n'en sera que plus efficace.
sans doute l'un des plus beaux textes que j'ai lu de toi..., j'en repars le coeur lourd et tellement ému
je vous embrasse tous les deux
J'aimerais tellement pouvoir avoir quelques mots.
Je suis très touchée par ce que tu vis. Par ce que je viens de lire.
Prends soin de toi. Et que Fafouin prenne soin de lui.
Ma tendre amie,
comme tu as ce talent de nous faire vivre en même temps que toi ce que tu écris...
Je ris, je vois, j'entends, j'ai mal ou je pleure en même temps que toi à travers chacun de tes mots.
C'est sans doute grâce à cette écriture extraordinaire que nous, lecteurs, pouvons te libérer un petit peu du poids qui pèse sur ton coeur et tes épaules en le portant en même temps que toi.
C'est sans doute ça le pouvoir de la communion.
Sois donc assurée que je communie aussi avec toi dans la prière, vers la petite église de l'autre côté de la rivière. Je la vois...
Je t'aime gros gros.
Une mère demeura toujours une mère!
Cela veut tout dire... ♥
Et heureusement, n’aie point de crainte concernant sa personne et sa situation.
Pour lui présentement, c’est l’endroit le plus sûr!
Je crois que c'est ton plus beau, ton plus émouvant, ton plus rempli d'amour et de chagrin depuis que je te lis. J'en suis encore toute chamboulée... Tu as une telle force d'amour infini que je me dis que tu finiras bien à un moment donné par l'influencer, ton bel enfant qui se cherche.
J'étais en vacances, j'en ai manqué des bouts mais je comprends que Fafouin se retrouve en prison et que Vé fait toujours partie de sa vie, qu'elle consomme elle aussi...
Mais toi, t'es toujours là, fiable et aimante. Si tant tellement inconditionnellement aimante et espérante.
Je t'embrasse, Nanou, et te serre fort fort sur mon coeur.
Un très beau texte pour une dure réalité. Tu es une poète de la réalité, Nanou et tes mots font du bien.
Nanoubis,
merci beaucoup... Les prières sont toujours efficaces et les bienvenues.
L'écriture est libératrice comme tu le sais si bien. Il faut repartir le coeur léger, tout comme le mien, d'accord? Je t'embrasse fort fort xxx
Impulsive montréalaise,
l'écriture est expiatoire et si libératrice. Nous avons tous le bonheur de pouvoir le faire ici, comme toi d'ailleurs.Je retourne voir Fafouin cette après-midi. Bien oui, déjà!Merci de ta présence xxx
Bouda,
ma grande amie, un grand merci pour tes bons mots. Ça sort comme ça, un peu comme tes toiles, tu comprends?
La chance que nous avons de pouvoir nous exprimer de différentes façons, j'en remercie chaque jour le ciel.
Tes prières sont aussi grandement appréciées. En plus, t'as eu le privilège de la voir la petite église, elles n'en seront que bonifiées.
Je t'aime xxx
Le Factotum,
bien sûr que c'est l'endroit le mieux pour lui, actuellement, dans sa situation, je le pense aussi, même si c'est vraiment pas l'idéal!
J'attends toujours ce blogue que tu vas ouvrir bientôt n'est-ce pas...xxx
Zoreille,
que de bons mots, je suis toute gênée et en même temps j'accepte avec humilité le compliment et suis heureuse de pouvoir faire passer mes messages par mes écrits... C'est comme la musique, on s'instale et ça dit. Je ne sais quoi rajouter d'autre, merci...
Oui, je suis allée voir chez toi à quelques reprises et sans avoir commenté, j'ai vu que tu étais allée aux Îles-de-la-Madeleine. J'espère bien pouvoir y retourner un jour. Moi aussi j'ai vraiment adoré lorsque j'y suis allée!
Pour l'instant, la Gaspésie m'attends.Je souhaite avoir un peu de temps au retour pour lire et apprécier ce beau voyage que tu as fait.Merci beaucoup xxx
Femmes Libre,
ouf... merci beaucoup! Du bien, oui, je le souhaite aussi car le bonheur existe aussi à travers ces mots...
J'ai bien hâte de te revoir chère amie xxx
Tu vis une situation terriblement émouvante. Suis de tout coeur avec toi. J'espère que la prochaine fois, Fafouin restera plus longtemps avec toi.
Claude,
merci de ta visite. Je suis allée voir Fafouin pas plus tard qu'hier et ce fut une belle rencontre. Comme tu peux constater, il a vite changé d'idée à propos des visites!
Content d'apprendre que cela s'est bien passé!
Espérant maintenant qu'il travaille et profite un peu des services offerts!
Bonne journée!
Factotum,
oui, il est assez surprenant en fait... Je prépare un autre billet...xxx
J'étais venue aux nouvelles... Dans ta réponse à Factotum, je ressens encore plus ton côté « aimante et espérante ».
Je vous souhaite, à Fafouin et à toi, tout le meilleur, plus qu'une éclaircie, des jours lumineux...
Zoreille,
vraiment un gros gros merci...
Je vais écrire un petit billet avant mon départ pour Gaspé...xxx
Je viens de pleurer avec toi Nanou. J'imagine ce que tu as pu ressentir de voir ton fils au travers une fenêtre et de ne pouvoir lui toucher. J'aurais souffert autant que toi. Il va sûrement grandir à travers toutes ces expériences, rien n'arrive pour rien. Les meilleurs travailleurs sociaux sont souvent des ex-délinquants.
Je t'envoie plein de pensée positives et au travers tout ça, penses aussi à toi. xxxxx
Pur Bonheur,
merci mais ne t'inquiète pas pour moi, ni pour fafouin, il est fort. Et moi je file pour la Gaspésie xxx
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