Il fait si beau et chaud aujourd'hui, c'est merveilleux. J'aime cette chaleur, un petit regain de vie avant l'humidité froide de l'automne ça fait un bien fou. En plus, je vais rendre visite à mon fils et ça, c'est un pur bonheur, toujours.
Centre de détention de Bordeaux...
Je tiens à le dire encore, à part un certain préposé maudit à qui je n'adresserai plus jamais la parole, tout le monde est vraiment gentil, si gentil avec moi. C'est comme s'ils comprenaient ce que je vis comme parent, avec plein de tendresse dans le regard. Je les sens, et ça fait toujours un bien grand baume sur mon coeur. Alors, je leur souris, intensément et sincèrement, avec toute ma gratitude, et je leur dis toujours merci, un merci grand comme la terre.
Je traverse la grande cour intérieure où je m'exerce encore une fois à ne pas trop regarder toutes ces fenêtres couvertes de barreaux de fer, là où mon fils vit. Bien, bien, ça ira bien...
Je m'installe au parloir qu'on me désigne et attends mon fils.
Dans le parloir juste à côté du mien, il y a un jeune homme, tout au plus 20 ans, efféminé et gesticulant. Sur le coup, je croyais qu'il s'adressait à son frère mais je me suis trompée, c'est plutôt son amant. Je n'ai aucun préjugé. Ce n'est pas tant ce qu'il est comme personne mais, le langage qu'il utilise. Et, dieu sait à quel point tout est écho dans les parloirs de Bordeaux:
"T'es rien qu'un osti de chien sale!!! T'as couché avec lui et en plus, tu l'as payé 2000 dollars pour coucher avec lui!!!! Pis le pire c'est que moi je couche avec toi pis je te demande jamais rien!!!!"
Bon. Je me cache les oreilles. Ce langage cru, c'est si dur, si loin de moi, tellement pas mon monde. Et le jeune le répète sans cesse, et de plus en plus fort. Pire, je comprends sa douleur au jeune parce que je me mets dans sa peau. On se calme, tout va bien aller. J'ai tellement hâte de voir mon fils... Le jeune homme quitte avant que Fafouin arrive. Libération.
Il est si beau mon garçon et me semble toujours très serein. Je lui raconte ce que je viens t'entendre. Alors, il commence à me raconter avec le sourire en coin:
-Ah! Pas ces deux-là! Ils ont fait jaser beaucoup à la rencontre-contacte. Les gars m'ont raconté qu'ils n'arrêtaient pas de se sortir la langue! En plus, son chum en détention m'a emprunté un de mes chandails pour essayer de rendre son copain jaloux. Puis, l'autre jour, il s'est essayé avec moi en me disant: toi le jeune je te ferais pas mal. J'ai arrêté ça là assez vite en sortant ma grosse voix: Aye toi, arrête-moi ça tout de suite, t'as compris? Puis, il m'a dit en gesticulant: bin non, tu sais bin que je ferais jamais ça voyons, je me ferais battre tout de suite!
Mon fils était tellement drôle, il excelle dans les jeux de rôle et imitait l'autre à la perfection tout en racontant son histoire. Puis, je lui ai raconté que j'avais vu un video sur Utube montrant 2 paires de poumons, ceux d'un non fumeur et ceux d'un fumeur. Avec un genre de tuyau, les hommes de science mettaient de l'air dans les poumons. Les beaux poumons roses se gonflaient à la perfection. Les poumons de fumeurs tout flétris se gonflaient à peine. Je faisais la démonstration à mon fils en gesticulant, comme un petit poulet qui avait perdu ses plumes. C'était maintenant nos rires qui résonnaient dans la salle, ça faisait tellement de bien. J'aime cette belle complicité que nous avons, mon fils et moi. Ca vaut de l'or.
Puis, ce fut le temps des confidences, l'inquiétude qu'il a pour son amie de coeur. Il souhaiterait qu'elle arrête de danser, il a toujours peur pour elle. Et elle, elle s'inquiète de savoir si leur belle relation va fonctionner lorsqu'il quittera le centre de détention. J'aimerais aussi qu'elle arrête de danser mais on ne peut forcer les choses et décider à la place des autres. Fafouin le sait. Mais peu importe la situation et le contexte. Cette fille est belle, brillante, je sais qu'elle va s'en sortir un jour. Puis, j'aime que mon fils soit aimé, c'est si important de se sentir aimé. Elle est fidèle au rendez-vous, à toutes les semaines, depuis plus d'un an.
C'est l'heure du départ, sourire heureux de mon fils, quelle belle rencontre encore une fois. Bizous au travers la vitre et mains collées. Je t'aime maman...
Du coin de l'oeil, je regarde partir ce bel homme qu'il est devenu. Mon fils, mon enfant, je t'aime tant mais tant...
11 commentaires:
Le genre de dialogue qui me mettrai fort mal à l'aise aussi...un autre monde pour moi... ce qui n'empêche pas la tolérance .
j'attend surtout la suite pour voir comment ton beau fafouin va .
Je suis désolée pour toi , Le factotum, Zoreilles, l'Impulsive et mes autres amis lecteurs... j'ai fermé mon blog à nouveau, je ne parviens plus à donner de moi même, à parler de moi, des miens, de mes douleurs car malgré ma volonté et mon courage, que tu connais je pense depuis longtemps, je ne peux pas faire semblant d'aller bien, et ça n'intéresse pas grand monde . la fin de vie interminable de ma maman, dans des conditions si difficiles, me minent , les actualités avec notre pauvre compatriote décapité me terrorisent , non, je ne trouve rien de beau à la vie actuellement et j'ai plus envie de la quitter maintenant que de la poursuivre .
Je te demande pardon, toi ma grande amie québécoise , mais je ne peux plus, je n'arrive plus à avancer
je t'embrasse et vous embrasse tous très fort !
Et je t'admire !
dis t'as changé le texte ! c'était pas celui là hier quand j'ai mis mon comm...je vois que Fafouin va mieux , je luis souhaite tant de bonnes choses à venir !
et toi merci oh oui merci... pour hier soir... tard :-)
Chère Nanou, oui, effectivement, la tolérance. Et je dirais l'ouverture. Nous sommes des femmes de cœur. Quelle souffrance... Pauvre jeune homme quand-même...
Je n'ai pas changé le texte Nanou, il n'était pas terminé. J'ai retiré, et remis en ligne ensuite.
Je comprends ta douleur et ton mal de vivre. Ici pour moi, ce n'est guère mieux, la fin du mois de septembre étant toujours très difficile à vivre pour moi. Reste toi-même, on ne peut pas faire semblant d'aller bien lorsqu'on est entière comme tu l'es et comme je suis. Faire semblant ça ne te va pas bien. Reste comme tu es et garde tes vrais amis pour te supporter et l'amour des tiens, c'est tout ce qui compte xxx tendresses mon amie xxx
La vie peu être terrible. qu'on soit dehors ou en dedans.
Un message d'espoir pour vous deux.
Je vous souhaite un début d'automne des plus extraordinaire. xx
Factotum,
merci t'es bien gentil! Je me suis parlée fort et fouettée le corps en allant me baigner malgré la froide température aujourd'hui. Faudrait que j'aie une piscine 365 jours par année!
Ce que je voudrais te dire, Nanou la Terre, et aussi à NanouB, c'est qu'à travers les ronces, il pousse souvent des fleurs.
Malgré les difficultés des visites à Fafouin, Nanou la Terre, tu vis des complicités, des fous rires et de grands moments de tendresse avec ton fils que tu aimes tant. Tu sais que beaucoup de mamans n'auront pas cette chance?
Et toi, NanouB, la vie ne te ménage pas, il y a beaucoup de souffrance autour de moi, tu la prends sur tes épaules. C'est lourd... Protège-toi, tu sais comment. Tu nous as offert tellement de belles images et de beaux moments vécus avec tes enfants, tes petits-enfants. Un grand élan de tendresse dans ce câlin que je t'envoie par-dessus l'Atlantique.
Un beau message Nanou, c'est encourageant. Bonne journée.
Zoreille,
merci beaucoup et ça, oui, je l'ai bien compris pour les visites de mon garçon. Pourrais-je vivre cette complicité-là à l'extérieur? Oui, mais sans doute moins souvent. Alors, je profite de ces beaux instants. La déprime me semble vraiment reliée à la saison qui change. Depuis Dimanche, ça semble s'équilibrer de nouveau. Je ne peux pas rester bien bien longtemps dans la déprime, je pense que tu me connais bien... Merci pour tes bons mots, bizous xxx
J'espère que Nanoubis va lire tes propos, tellement appropriés et tendres à son égard xxx
Soplange,
oui, c'est encourageant. À savoir ce qu'il fera de sa vie en sortant, ça je n'ai aucun pouvoir sur la suite des choses!
Je suis vraiment très touchée. Nanoubis m'a dit de venir lire ici :-) ça me met les larmes aux yeux !
ça va aller, ça va aller ! merci
Je n'écris pas, mais il est rouvert ce blog ! parce que vous êtes si gentils, de si loin...
plein de tendresse... je vais chercher les fleurs entre les ronces :-)
Tu te baignes encore dans ta piscine extérieure? Yahou! Ça prend un certain courage et un courage certain. Mais c'est certainement bon pour le moral alors ne lâche pas trop vite... ;o) quitte à te fouetter le sang un peu. Ensuite, la rentrée à la chaleur doit être tellement agréable.
La prison, j'en entends pas mal parler ces temps-ci. Ma Vingt-trois ans, celle qui a un fils, visite un jeune homme qui y est. Elle y va tous les samedis. Il est condamné à quatre ans. Pas trop clair il est qui dans sa vie, un simple ami ou un amoureux. Vague. Mais elle est fidèle aux visites. Il a fait quoi pour avoir quatre ans? Un vol. Un vol de banque? Non, un vol à domicile. Quatre ans! Ben voyons, il a dû faire autre chose. "Euh! Il a battu le gars qu'il a volé." Ouf! J'aime pas ça du tout et je le lui ai dit. Une espèce d'horreur. D'autant plus qu'elle vient juste d'être cambriolée elle-même. Des fois, je comprends pas, des fois je comprends rien. Dur.
Nanoubis,
oui c'est ça, entre les ronces, on y arrive toujours xxx
Femme Libre,
oui, je me baigne encore. J'oublie la température extérieure pour ne penser qu'aux bienfaits de l'eau fraîche. Ça fait tellement de bien...Ce qui est agréable c'est qu'on ressent la fraîcheur dans le corps même à la chaleur, une fraîcheur si bonne pour le moral!
Pour le reste, je t'ai répondu ailleurs... Courage, on n'y peut tellement rien. Le coeur est aveugle, il sent et aime, c'est tout...
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