CROIRE QUE LES CHOSES SE PRODUISENT TROP LENTEMENT OU TROP VITE EST ILLUSOIRE. LE SYNCHRONISME EST PARFAIT. CHAQUE CHOSE ARRIVE TOUJOURS EN SON TEMPS... RIEN NE NOUS ARRIVE QUI N'AIT D'ABORD ÉTÉ SENTI ET PENSÉ. POUR CRÉER LE FUTUR, IL FAUT Y CROIRE SANS RÉSERVE.


Auteur inconnu

dimanche 18 mai 2014

Les fleurs de cerisiers


Lorsqu'on laisse pénétrer abondamment l'odeur des fleurs de cerisiers au travers tout notre corps, avec le  tremblement subtil et tiède du vent de mai, caressant le corps tout entier,  tendrement, alors je vous jure... jamais rien de grave ne peut alors arriver. Quel merveilleux bonheur...

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Petit Jean de l'invisible, 10 ans déjà...

-Maman, maman, viens voir, il y a des oiseaux qui veulent entrer dans la maison!

-Mais voyons c'est impossible!

- Je te le dis maman, viens voir!!!

Je n'arrivais pas à le croire. Ils étaient bien là, deux chardonnerets jaunes qui insistaient désespérément pour entrer dans la maison, claquant inlassablement leur bec à la fenêtre du salon...

Me revient alors en mémoire le message d'espoir que j'avais envoyé à Marijo, la fille de Petit-Jean, alors qu'elle souffrait de voir son père dépérir.

- Regarde ce chardonneret, il se trouve à la croisée des chemins, signe que quelque chose de nouveau se présentera à toi.

Le matin de la visite des oiseaux, Petit-Jean était mort depuis la veille. Les chardonnerets ne m'ont pas quitté jusqu'à ce qu'il fut enterré. Ils venaient même à la fenêtre arrière de ma cuisine, insistants et déterminés à vouloir entrer. Quelque chose de surnaturel se produisait. De les observer ainsi, ils m'apparaissaient presqu'humains. Mais, que voulaient-ils bien me dire...

Petit-Jean, le frère de papa, un aide inespéré, toujours présent, aidant, pour maman et nous tous lorsque papa était en psychose. Petit-Jean que j'ai veillé presque jusqu'à la fin, sur son lit d'hôpital. Çà me faisait plaisir de le faire pour lui, il en a tant fait pour nous, et le temps s'est arrêté. J'ai pu observer l'énorme courage d'un homme qui a voulu en finir avec la vie, a raté sa sortie, pour ensuite tenir tête à tout le monde. Il fallait  simplement respecter sa volonté, je fus sa complice. Petit-Jean, après un suicide raté, un diabète avancé, une gangrène à la jambe lui occasionnant d'atroces souffrances, a refusé l'amputation car il voulait vraiment mourir...

Cela ne pouvait plus continuer. Devant ses cries abominables, j'appelai l'infirmière.

- Écoutez, il faut augmenter la dose, çà ne fait plus d'effet, il souffre beaucoup trop!

- Mais si on lui donne une médication plus forte, çà va accélérer la fin.

Décidément, elle ne comprenait rien, alors j'insistai:

- ÉCOUTEZ, IL N'A PAS DEMANDÉ DE SOUFFRIR, IL A JUSTE VOULU MOURIR!
S.V. P AUGMENTEZ LA DOSE!!!

Il mourut dans les 24 heures. Il faisait très beau. Un 20 mai, c'était bien ciblé pour un fervent souverainiste, et les cerisiers étaient en fleurs, avez-vous déjà senti? Magnifique...

Lorsque le mois de mai revient, Petit-Jean revit à travers la senteur subtile et douce des fleurs de cerisier...


12 commentaires:

Le factotum a dit…

Un beau présage que vous apportaient ces chardonnerets.
Ton oncle sera ainsi toujours présent près de vous.

Nanou La Terre a dit…

Factotum,
incroyable quand-même cette histoire de chardonnerets. Ce qu'il y a d'extraordinaire c'est qu'il y eut plus encore. Ce sera à raconter dans un autre billet.
Pour Petit-Jean, ce sont les cerisiers et pour mon père, ce sont les criquets. Une autre histoire à raconter un jour!

claude a dit…

Très émouvante cette histoire.
Celle de Petit Jean et celle des chardonnerets est vraiment curieuse.
Petit Jean s'en est allé un joli mois de mai dans la senteur des fleurs de cerisiers.
Bises

Pierre Forest a dit…

Quel beau billet. Il sent le printemps. Petit Jean a cessé de souffrir et surtout d'être séparé. Il est maintenant partout, dans l'odeur des fleurs et des cerisiers et dans le coeur des chardonnerets.

Zoreilles a dit…

Quel beau texte... Le printemps, cers chardonnerets, les fleurs des cerisiers, la fin des souffrances et ton amour de la Vie si grand qu'il ne peut supporter l'insupportable.

C'est le genre d'histoire qu'on devrait prendre en exemple lorsqu'il est question de « Mourir dans la dignité ». Pourquoi supporter toutes ces souffrances inutiles lorsque la vie n'a plus de sens? On a les moyens de soulager la douleur avec des médicaments...

Solange a dit…

C'est un très beau billet. On ne laisse pas souffrir un animal, pourquoi les humains quand il n'y a plus d'espoir.

Jackss a dit…

Nanou,

Il y en a pour tous les sens dans ce texte, même le 6è.
Tout est habilement raconté pour faire monter les émotions. Inévitablement, ce beau texte ramène en surface des souvenirs et attire notre regard vers notre avenir. En un mot, voilà ce que c'est que la vie dans toute sa fragilité et ses mystères. L'aimer et savoir lâcher prise au bon moment, c'est tout un idéal en soi.

NanouB a dit…

ce que c'est beau ! et tous ces signes qui en disent longs si on savait tous les interpréter. Partir dans la dignité, nous le souhaitons tant , pour tous ceux qu'on aime et pour nous mêmes..! C'est un beau cadeau qu'il a eu, cet homme vénéré.

Je suis émue par ces chardonnerets. J'aurai tant aimé que mon paap parte aussi serein... Et ma maman , cette bougie dont la lumière a tant pâli et qui est tombée dans les mystères d'Alzheimer...
Oui Dignité !

Je t'embrasse fort et de tout cœur , ma Nanoubis. tu sais que je suis là, tout près !

Nefertiti a dit…

Petite larme,poste touchant...

Le factotum a dit…

Hummmm!
J'aime beaucoup les marguerites.
Bonne journée!

NanouB a dit…

je découvre ta nouvelle bannière avec ta fleur printanière . sais tu que la marguerite est ma fleur préférée !!

j'attend tes nouvelles privées ! je te fais pleins de gros bisous et à vite , tu manques !

Georges St-Arnaud a dit…

Histoire émouvante et unique. Le Chardonneret est un oiseau solitaire, d'une belle sensibilité et capable de perception.
Ce couple de chardonnerets ont probablement senti l'élévation de l'àme au moment du décès.
Merci de partager ce moment précieux.