CROIRE QUE LES CHOSES SE PRODUISENT TROP LENTEMENT OU TROP VITE EST ILLUSOIRE. LE SYNCHRONISME EST PARFAIT. CHAQUE CHOSE ARRIVE TOUJOURS EN SON TEMPS... RIEN NE NOUS ARRIVE QUI N'AIT D'ABORD ÉTÉ SENTI ET PENSÉ. POUR CRÉER LE FUTUR, IL FAUT Y CROIRE SANS RÉSERVE.


Auteur inconnu

dimanche 6 décembre 2009

Polytechnique un 6 décembre...

Polytechnique...

Je me rappelle très bien ce que je faisais cette journée-là.

Pourquoi en parler aujourd'hui?

Parce que la simple résonance du mot m'était si familière. Mon papa, aujourd'hui décédé, y avait gradué en 1958. Çà sonnait sécurisant puisque çà faisait partie de la vie de mon père. Parce que ce lieu, si stable à mes yeux, est devenu une gigantesque scène d'horreur.

Parce que maman, ma tit' mimi d'amour, a une très grande amie qui, le soir du 6 décembre, a perdu sa fille. Elle s'appelait Maryse... Son père, policier de formation, a fait un point de presse devant les caméras avant d'entrer à l'intérieur et n'est jamais revenu parler aux journalistes, découvrant sa propre fille, dans le dernier local, à côté de Marc Lépine.

Parce que j'ai été témoin auditive d'un meurtre en 2001, qu'un simple plafond me séparait de l'assassin. Parce que j'aurais pu y passer moi aussi cette journée-là si j'avais eu l'idée de monter en haut. Parce que cet homme a tué quelqu'un que j'aimais et que Fafouin adorait pour ensuite foutre le feu. Parce que mes points de repère ce sont écroulés totalement cette journée-là et que le choc fut à ce point puissant, qu'encore aujourd'hui, j'ai de la difficulté à voir devant moi un long couteau de cuisine et que l'infime odeur d'un feu potentiel me fait battre le coeur.

Parce que Fafouin a été victime de violence, que cette violence m'a touché de près, qu'elle me touche encore profondément.

Parce qu'un film est sorti et que je me suis torturée l'esprit à savoir si je devais y aller ou pas et pour quelle raison je devrais y être. J'ai vu “Polytechnique” en février dernier et j’y ai trouvé ma réponse... Je ne pense pas qu'il faille des dialogues bien recherchés pour en comprendre le sens profond. La fragilité de la vie, la surprise, l'amour, la détresse, l'impuissance, l'horreur, l'immense chagrin, l'incompréhension... Ceux qui ont vécu un choc post-traumatique savent... Et les autres pourront comprendre avec compassion.

Il neigeait cette journée-là, une belle neige... Mais la neige, çà peut devenir noir et rester noir longtemps dans le coeur de ceux et celles qui ont vécu ce drame de près, à froid, en direct...

Polytechnique, dure réalité d'une partie de l'histoire du Québec à ne jamais oublier.

Une immense pensée d'amour pour la maman de Marc Lépine, forte et courageuse. Je l'admire beaucoup...

Ainsi qu'en mémoire des 919 femmes et enfants tués depuis le 6 décembre 1989



Référence: photo prise par Alexis Hamel

Source


14 commentaires:

RAINETTE (l'énigmatique) a dit…

C'est superbe ce que tu as écrit Nanou ! Je me souviens très bien du père de Maryse, policier, découvrant sa propre fille ! Quelle horreur !

Moi j'étais sur le campus, dans un autre pavillon, c'était avant les cells, il y en a un qui était drôlement inquiet avant que je lui téléphone ! Et moi j'étais encore sur le campus à 5h, sans savoir ce qui s'était passé....

Une pensée pour Madame Lépine tout de même !

Heureuse que le visionnement du film t'ait été bénéfique !
Bises
(t'en a vécu des choses toi, heureuses et moins heureuses hen)

Grimimi Sue a dit…

Il ne faut JAMAIS oublier ces drames! Merci Nanou, pour ta description si juste de ce malheureux soir de décembre...

Ce soir là, j'avais entendu ce drame aux nouvelles, avant de partir présenter une offre d'achat à 18h30 sur un condo. Les proprio, un jeune couple début trentaine, étaient figés devant l'écran de télé. C'était deux ingénieurs diplomés de Poly.

Madame Lépine: définition du mot "résiliente"
Tendresses et bec chinois pour toi!

Nanou La Terre a dit…

Rainette,
alors tu étais sur le campus ce jour-là, ouf...Bénédiction que tu n'aies pas vu ni entendu. Madame Lépine, j'y ai vu...Quelle force cette femme... Je n'avais pas terminé d'écrire et fignolé mon texte. Ça m'arrive quelques fois.
Oui Rainette, j'en ai bien vécu mais j'aurais préféré ne pas les vivre...

Grimmimi Sue,
le jeune couple d'ingénieurs a dû vivre de grandes émotions ce soir-là! "Résiliente" Mme Lépine, absolument d'accord avec toi. Que de chemin parcouru avant de retrouver la sérénité, la paix. Triple peine avec laquelle elle a dû se sentir terriblement seule pendant très très longtemps:la mort de son enfant qui déjà doit être une peine innommable, en plus, par suicide, et en ajoutant les femmes qu'il a tuées.
Je pense aussi à cette autre femme qui, il y a longtemps, avait perdu ses 3 enfants, assassinés par son mari.L'entrevue télévisée m'avait profondément bouleversée. Elle parlait avec une telle sérénité, dans l'acceptation la plus totale. Elle disait qu'elle pardonnait et que ses enfants continuaient de vivre à l'intérieur d'elle-même.

GELISA LISE a dit…

J'ai vu le film Polytechnique, ce soir et j'ai fait le raprochement avec le drame de Dawson, il y a pas très longtemps. On voit bien, avec Dawson, que le problème reste entier. Il y aura toujours des fous comme Lépine, ou Lortie ou Fabrikant ou Gill et tant qu'ils pourront se procurer une arme, il y aura des drames comme celui de Polytechnique.

Je suis triste pour tous ceux qui ont vécu des horreurs semblables.

Dominique a dit…

Comme tu dis si bien, une partie de l'histoire du Québec à ne jamais oublier !

Les enfants ont vu le film, le plus jeune l'a acheté, je ne l'ai pas vu encore...

Je suis trop jeune pour les souvenirs.

J'ai été très touchée pas les témoignages télé de cette semaine, de la force de ces femmes qui ont vécu ce drame...

La violence faite aux femme, dure réalité...

Se souvenir, pour ne pas oublier, pour mieux comprendre, pour que les générations à venir se souviennent.

Enfer Noir ... a dit…

Bonsoir Nanou,
Très bien écrit au point que je me sens génée car je ne savais pas qu'il y a pu se passer un tel drame à Montréal.
J'ai lu l'article sur ce site :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Tuerie_de_l'%C3%89cole_Polytechnique_de_Montr%C3%A9al
Je n'arrive pas à comprendre qu'est ce qui peut pousser un être à faire une telle abomination.
Je ne sais quoi dire, souvent lorsque les billets parlent de drâme, je manque de mots, je suis désolée pour toutes ses personnes.

Je t'embrasse

Pur bonheur a dit…

Quand c'est arrivé, j'étais dans mon salon avec ma petite fille de 6 ans à l'époque. J'étais complètement paniquée, je pleurais, je n'arrivais pas à y croire!
Et puis plus tard, quand ma fille s'est inscrite à l'université de Montréal et que j'ai appris que les résidences de filles étaient juste à coté de la Polytechnique j'ai encore paniquée. Je lui en ai même parlé. Elle savait l'histoire et se voulait rassurante, un tel drame ne pouvait pas arriver deux fois...
C'est arrivé dans une autre faculté dont j'ai oublié le nom récemment. Que de violence !
Hier soir avant tout le monde en parle , j'ai écouté Derome qui avait comme invité une des survivantes. Quand ils ont montré la séquence où Lépine demande aux gars de sortir et aux filles de rester là, j'ai senti le malaise des gars qui ont eu le sentiment d'abandonner les filles avec ce fou-là, ils doivent vivre beaucoup de culpabilité depuis. Et les pauvres filles sans défense devant ce malade. Bref, hier soir j'avais le moral dans les talons...

Solange a dit…

C'est un très beau texte que tu as écrit sur ce sujet. Une date difficile pour tous ceux qui ont perdu quelqu'un dans ce drame.

Nanou La Terre a dit…

Gelisa,
effectivement Gelisa, le problème demeure entier. Ces hommes sont dans une détresse et une souffrance intérieure extrême. Ils ont un problème de santé mentale. Il y a un manque dans notre société Gélisa...Le problème demeure entier...

Dominique,
j'ai été touché aussi par les témoignages des survivantes. Quelle force elle ont...La violence oui, dure réalité, encore beaucoup trop banalisé à mon humble avis et aussi tolérée.

Enfer Noir,
je suis étonnée du fait que vous n'ayez jamais entendu parler de cet événement?Peut-être vivez-vous dans un autre continent?La détresse, l'isolation et la souffrance intérieure Enfer Noir... Nous ne vivons pas dans un monde de prévention.

Pur Bonheur,
oui, je me rappelle de ta crainte par rapport à ta fille car j'avais en partie publié ce billet et tu m'avais laissé un commentaire.Chère Pur Bonheur remplie de compassion. Bien sûr, la souffrance des gars qui ont dû" abandonné" les filles... Et les jeunes filles ... Que peut-on recevoir de pire comme dernière heure que de savoir qu'on va mourir en voyant les autres tomber sous les balles avant nous? Pur Bonheur, la vie est tellement fragile et imprévisible. Pour avoir été aussi témoin auditive d'un tel drame, c'est abominable, la sensation est indescriptible car on ne veut pas y croire, on ne peut pas y croire, c'est trop...

Solange,
une date difficile pour les parents et amis, aussi pour tous ceux qui sont touchés de près par la violence.Une date terriblement difficile pour la maman de Marc Lépine aussi...

Jackss a dit…

Bonjour Nanou,

C'est terrible, cette histoire. Ce que tu as vécu toi et ton fils a de quoi donner des frissons.

Et encore une fois, il y a un lien avec mon histoire. J'ai peut-être une connaissance en commun avec toi. J'ai en effet eu comme voisin de chambre à l'hôpital en 2004 un monsieur qui travaillait là au moment du drame. Il m'a dit qu'il connaissait bien Marc Lépine.

J'ai d'ailleurs parlé de cette rencontre dans un billet que l'on peut voir en cliquant sur la vie d'un inconnu.

C'est fou tous ces détails où un élément tenant resque du hasard peut changer radicalement le parcours d'une vie.

Enfer Noir ... a dit…

Bonjour Nanou,
Oui, c'est le cas, je suis d'un autre continent lorsque le soleil chez vous se couche à peine, ma nuit est presque fini.
Je suis désolée, non pas parce que je ne savais pas qu'un tel drâme avait eu lieu car on ne peut pas tout savoir, c'est en cela que lire les billets d'autres personnes et intéressant, mais je suis désolée parce que je me rends compte qu'on m'a déjà peint, mais la peinture que je vous reflète n'est pas ... "La détresse, l'isolation et la souffrance intérieure Enfer Noir... Nous ne vivons pas dans un monde de prévention." .... Bonne journée

✿France✿ a dit…

Bonjour et encore merci pour tes passages c'est sympa tu sais.
Tu vois tu as bien raison de parler et oui surtout ne jamais oublier ces drames tu as beaucoup de ♥

Bouda a dit…

Tu sais écrire la souffrance Nanou. Ça touche ton billet. Polytechnique... Ce mot à lui seul évoque une tragédie énorme, marquante et douloureuse qui a à tout jamais changé notre regard sur notre tranquille petite société québécoise. Vingt ans plus tard, on manque encore de mots et la souffrance, le malaise, sont profonds lorsqu'on évoque cet évènement. Toute cette haine. Toute cette révolte. Toute cette froide vengeance contre les femmes. Combien d'autres Marc Lépine en puissance sommes-nous socialement capables d'engendrer? Ça donne des frissons.

Je ne voulais pas voir le film. Rien à y apprendre... Nul besoin de revivre ça, me disais-je. Curieusement, c'est ma fille de 18 ans qui voulait qu'on loue ce film un soir. Elle voulait savoir. Alors plutôt qu'elle le visionne un autre jour sans que je puisse être à ses côtés, j'ai accepté. Mon jeune garçon de 13 ans voulait lui aussi absolument se joindre à nous. Je me suis dit qu'à tout prendre, c'est en ma compagnie que je préférais qu'il voit ce film. Que je puisse être là pour répondre à ses questions et, à ma manière, pour faire mon enseignement. Il y a tant de violence gratuite au cinéma. La violence de Poly c'est de la violence réelle. Ce sont les vraies conséquences de la vraie violence et des vraies armes. Ça n'est pas un jeu, pas un divertissement, pas une illusion. Ça fait mal pour vrai.
Nous avons écouté ça tous les trois. Mes jeunes ont été touchés, mais pas autant que moi je pense. Réveillée au milieu de la nuit qui a suivi, entourée de la pénombre de ma chambre, je me suis retrouvée comme immergée avec force dans les images en noir et blanc du film, dans sa lourdeur, dans son angoisse, dans sa tristesse, et dans mes souvenirs de ce 6 décembre 1989 où tant de choses ont basculé.

J'ai été habitée plusieurs jours par ces impressions. Et puis la vie a repris son cours. Jusqu'à dernièrement où les témoignages des survivantes de Polytechnique que j'ai entendus à la radio et à la télévision ont résonné très fort dans mon coeur et m'ont beaucoup émue. J'étais très perplexe par rapport à la création du film de Denis Villeneuve. Perplexe encore après l'avoir vu. Mais aujourd'hui je pense qu'il est pertinent. Pour garder le souvenir collectif de cet évènement, malgré sa douleur, afin qu'il nous aide à éduquer nos fils et nos filles contre la violence, la discrimination et la rancune, et cela en prêchant d'abord par l'exemple. Polytechnique est enseignement en soi. À méditer...

Nanou La Terre a dit…

Jackss,

c'était sur l'heure du diner... Bénédiction que mon Fafouin ne soit pas venu manger cette journée-là comme il le faisait, 3 jours par semaine.Mais il en a été profondément marqué. Bénédiction aussi du fait que j'étais à la maison pour prévenir les pompiers... J'en reparlerai bien un jour...
J'ai lu avec grand intérêt votre billet et j'y reviendrai pour un petit commentaire... Plus de hasard que vous ne le pensez Jackss...

Enfer Noir,
je me doutais bien aussi. Pour le reste, vous avez mal compris; je répondais simplement à votre question :"Je n'arrive pas à comprendre qu'est-ce qui peut pousser un être à faire une telle abomination". Et je répondais: la détresse, l'isolation et la souffrance intérieure.Enfer Noir n'est pas noire mais remplie de coeur et de compassion...

France,
tiens, heureuse de vous revoir! Merci pour votre gentillesse à mon égard...

Bouda,
ma grande amie, quelle plaisir lorsque tu me fais des petites visites surprises!
Comme tu le dis si bien: " a à tout jamais changé notre regard sur notre société québécoise". Et on peut en dire autant du 11 septembre 2001. Il y aura encore et encore, tant et aussi longtemps que nos lois seront aussi tolérantes et permissives avec les agresseurs et aussi longtemps qu'il n'y aura pas de mesures préventives et de sensibilisations efficaces face à la violence.
J'aurais fait comme toi avec tes deux jeunes. Et, oui, ca ce n'était pas un jeu. Une violence pure qui a eu des séquelles importantes sur ces dizaines de jeunes qui l'ont vécus. Pas étonnant que tu te sois réveillée en pleine nuit Bouda. Tu as senti, vécu, comme si ses filles étaient toi... Prêcher par l'exemple oui, c'est si important. Et surtout, dénoncer, dénoncer!!! Comme je l'ai fait avec le papa de Fafouin. Encore faut-il que les lois aillent aussi en ce sens. Acquitter quelqu'un de voies de fait, simplement parce la victime refuse de porter plainte alors que les deux ne nient pas ce qui s'est passé demeure pour moi un non sens.
merci d'être passée et reviens me visiter...

Je t'embrasse tendrement xxx